Les Pions

Le jeu des Tours tour, Le jeu des Cavaliers cavalier, Le jeu des Fous fou, Le jeu de la Dame dame, Le jeu du Roi roi

Les pions sont l’âme des échecs…

… disait Philidor. Difficile de ne pas passer à côté de cette citation. De cette manière, il résumait bien la subtilité nécessaire à leur jeu et leur importance sur l’échiquier.

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L’importance d’un seul pion

Les pions peuvent effectivement paraître anonymes et vulnérables au départ, occupant la première ligne, et peut être futiles, ou voués à être sacrifiés. Mais il n’en est rien, et l’abandon gratuit d’un seul pion peut remettre la victoire dans les mains de l’adversaire. Et même, le simple déplacement sur une case contre-indiquée peut avoir des effets très indésirables sur une partie d’échecs, car les pions sont essentiels dans le contrôle des cases.

Pour ces deux raisons, il convient d’en prendre grand soin, et de les manier effectivement avec beaucoup de justesse.

On peut les voir comme des fantassins bien utiles, au nombre de 8 pour chaque protagoniste. Utiles pour attaquer, et bien utiles pour défendre.

Leur particularité apparaît lorsqu’on y réfléchit simplement, en se penchant sur les caractéristiques de leur déplacement :

Les pions se déplacent d’une seule case en avant, ou de deux, au départ. Ils sont donc sont peu mobiles comparé aux pièces. On leur donne la valeur fictive d’1 point pour cette raison, contre à peu près 3 pour le cavalier et pour le fou.

On comprend donc qu’aucune aucune pièce même mineure ne va avoir envie de s’échanger avec un pion, car une pièce vaut au minimum 3 points.

Sauf cas particulier, où la pièce pourrait vouloir se « sacrifier », mais alors, pour une bonne raison.

En défense :

Le Hérisson

On peut comparer les pions défenseurs à un hérisson, pour repousser les pièces adverses qui cherchent des avant postes, ou contrôler les cases où elles veulent s’approcher, au moins les dissuader fortement.
D’où l’intérêt de ne pas trop avancer, spécialement du côté où on veut protéger le roi, pour ne pas ouvrir un boulevard, ni donner de point d’appui.

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Un pion isolé (sans pion ami sur les colonnes adjacentes) permet à une pièce de s’installer devant lui (il ne prend pas en avançant), tandis qu’une ligne de pions va contrôler toutes les cases situées juste devant.

Le Bloqueur

Un pion peut servir de bloqueur (à un pion adverse), puisque les pions ne mangent pas comme ils avancent.
Deux pions face à face ne peuvent pas, nous le savons, se manger.
Il existe des positions où les pions ne peuvent plus jouer, ou pourraient jouer en théorie mais se feraient prendre immédiatement. Ces structures figées réduisent souvent l’attaque, puisque si un coté est bloqué, il y aura une sorte d’embouteillage sur les autres colonnes. Ou, si toutes les lignes sont bloquées, cela fera probablement match nul.

Défendre le roi

Naturellement, le roi va souvent choisir de se protéger, car si on a avancé ses pions centraux, il est forcément exposé.
On choisira souvent le petit roque, par défaut le plus sûr, à condition que les pions n’aient pas avancé. Ou, si cela a été nécessaire (mais il fallait se poser la question à ce moment), le roque côté dame.
Les pions sont donc la protection, il ne faut les bouger que pour une bonne raison.

Par exemple : Si un fou menace de prendre en h2, soutenu par un cavalier ou une dame, on avancera soit le pion en h3 pour éviter de la perdre, soit le pion g2 en g3, pour contrôler la diagonale. Mais on ne le fait que si nécessaire, sinon cela aide l’adversaire à s’organiser (sur h3, préparer un sacrifice sur le pion, sur g3, jouer le fou en h3 ou ouvrir avec un pion en h4 ou en f4. Sur l’exemple où le fou et la dame peuvent venir en h2, bien sûr on ne peut jouer h3 où la dame ferait mat en h2, il faut évidemment empêcher la venue par g3.

En attaque :

La Fourchette de pion

On peut attaquer deux pièces en même temps avec un pion, diagonalement (sauf un pion tour) : dans ce cas, si une pièce bouge, on ramassera l’autre au coup suivant, sauf cas particulier.

Créer une menace simple et profiter d’un clouage

Si une pièce est clouée, il suffit simplement de l’attaquer, et on la prendra normalement au coup suivant.

Remarque

Dans les deux cas ci-dessus, cela ne marche pas toujours. L’adversaire peut parfois jouer des coups qui dissuadent, ou empêchent la prise qu’on avait préparé.

Par exemple, si un fou cloue un cavalier. Parfois, ce fou peut être contre attaqué lui même par un pion, sans pouvoir rester en paix sur la diagonale qui immobilise le cavalier. On choisit alors entre : capturer la cavalier avec le pion (et on rendra alors le fou), échanger le fou contre le cavalier, ou reculer le fou.

Désorganiser la défense

Pour attaquer, on peut gagner un tempo, ou désorganiser la défense, en menaçant une pièce. Elle va souvent bouger, et perdre son rôle dans l’immédiat, on pourra alors en profiter ou continuer l’avancée du pion.

Ouvrir les lignes

En prenant, un pion va éventuellement libérer une colonne, pour sa tour ou sa dame, ou d’une diagonale pour un fou.

Aller à promotion

Transformer un Pion en dame (ou autre chose).
Comment et quand faire dame ? C’est plutôt rare qu’on puisse forcer le chemin en milieu de partie, mais cela arrive. Lorsqu’un pion s’en rapproche, il faut toujours essayer de voir si on peut arriver à le soutenir, ou vérifier qu’on l’empêche si on doit défendre. La dame est en effet d’une grande valeur. Il n’y a souvent aucun intérêt à promouvoir un pion s’il est capturé gratuitement au coup suivant.
Généralement, cela arrive à la fin de la partie, juste avant de porter le coup de grâce, ou, lorsque les deux camps font dame, on repart pour une finale de dames.

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Remarques :

Les pions ne reculent pas :

Donc, attention à deux choses, à chaque avancée :

1. Ne pas trop avancer un pion, qui se retrouverait trop loin de sa base, et sans défense.

2. Prévoir qu’il pourrait laisser le contrôle d’une case à l’adversaire (un « avant-poste »).

Remarque sur les pions adverses :
Parfois, il faut éviter de les prendre. Ils limitent en un sens l’action des pièces longues distance située en soutien. Un pion adverse isolé peut s’avérer une excellente défense, même rendu au sein de son roque : en effet, il suffit de se mettre devant lui, et on est en sécurité. L’adversaire ne peut même pas le prendre, puisque c’est son pion !

Conclusion :

Il ne faut jamais pousser un pion trop loin, ni sans bonne raison.

Si on veut attaquer, penser à faire en sorte que l’adversaire ne puisse pas bloquer la position.

Si on défend, penser à bloquer plutôt qu’à ouvrir les lignes (sinon toutes les pièces arriveront en même temps).

Un pion peut dynamiter une défense ou ouvrir une colonne.

Il faut également veiller à sa structure de pions, et à la finale.

La valeur d’un pion s’accroît lorsque les pions et les pièces disparaissent.