Comment mal jouer aux échecs, un best-seller en puissance. Qui ne s’est jamais demandé comment appliquer le concept du jeu à la lettre ? Qui n’a pas envie d’en connaître les rouages, de se forger un style, de maîtriser le sujet ?
Ce livre concerne tout le monde. Du plus jeune au plus vieux, du tout noir au plus blanc, du garçon à la fille, cet ouvrage a été conçu pour chacun, et devrait faire plaisir à pas mal de monde. En voici, juste pour vous, une exclusivité et un résumé exhaustif.
La situation actuelle, un petit tour d’horizon
Le jeu d’échecs est un jeu si pratiqué de nos jours, si enseigné, si étudié et analysé que les livres publiés sur le sujet ne tarissent pas, et se sont sans cesse (trop ?) multipliés. Et qu’il me semblait, paradoxe s’il en est, que malgré une qualité réelle et des améliorations constantes, ils parvenaient de moins en moins bien et de moins en moins souvent à leur fin. Avec une réussite de moins en moins évidente et de plus en plus approximative lorsque ils tentaient d’apprendre à l’ensemble de leurs lecteurs à pratiquer les échecs avec succès, et à bien leur expliquer et tout bien leur faire comprendre tout comme il faut, tout ce qu’il faut savoir pour bien jouer aux échecs.
Donner un but aux joueurs qui se cherchent
Si bien que j’ai pensé qu’il fallait peut être trouver autre chose dans la manière de divulguer les informations essentielles ou de proposer une nouvelle formule ou une nouvelle voie pour apprendre à jouer, une nouvelle méthode, ou tout simplement proposer une nouvelle approche de l’enseignement du jeu, plus pragmatique et plus en phase avec les moyens des futurs joueurs potentiels. De sorte qu’ils atteignent ainsi plus rapidement le niveau de croisière des joueurs actuels. Et avec d’autres objectifs également, peut être plus directs et plus accessibles, peut être, en tout cas différents. Et bien sûr, peut être aussi, plus réalistes…
Une question répandue
Comment mal jouer aux échecs, voici une question légitime que beaucoup de gens se posent. Bien sûr, certains y arrivent très bien tout seuls, ils n’ont pas besoin de conseils. Certains sont plus doués que d’autres et se débrouillent très bien d’emblée, et cela peut être dû à plusieurs causes comme l’intuition (la mauvaise intuition bien sûr), la médiocrité (la médiocrité innée), ou encore, et c’est toujours le facteur le plus important car rien ne se fait sans elle : la volonté.
Nous vous expliquerons donc comment mal jouer aux échecs, ce que je pense, tout le monde a le droit de savoir. Donc comment mal jouer, oui, mais comment BIEN mal jouer aux échecs. Car il existe bien des niveaux aux échecs, dans l’excellence comme dans la médiocrité, différents stades et différents paliers, et c’est ce que nous allons vous expliquer dans le détail.
Pourquoi un tel ouvrage ?
C’est un peu ce que je viens de dire, me semble-t-il. Mais en vérité, il y a une raison supplémentaire. Lorsque je me présente à une classe en tant qu’animateur d’échecs, je fais une précision importante : j’explique d’emblée que je suis ici pour apprendre à jouer aux échecs, et que je peux tout apprendre. Et en particulier, les différentes manières de jouer. J’apprends donc en premier lieu que pour jouer, il y a différentes manières, il est possible de bien jouer, et de mal jouer, et chacun était libre de décider. Et bien, croyez-moi, partout où j’ai enseigné, les choix ont toujours été très partagés.
Introduction et déroulement de l’intrigue
Dans ces différents chapitres, nous allons étudier les différentes techniques qui permettent de « mal jouer » aux échecs. Et nous verrons qu’il existe bien des moyens afin d’y parvenir, de différente manière, une liberté de choix et d’action qui permettent à chacun de faire beaucoup d’erreurs avec plus ou moins de rigueur, de maîtrise et d’efficacité, des erreurs de tailles diverses, et des degrés de confusion à des niveaux bien variés.
Nous allons procéder pas à pas dans cet ouvrage, étape par étape, et distinguer les différentes phases de la partie qu’il est possible de manquer, de rater, de louper, de négliger, ou bien de massacrer, en tout cas dans lesquelles il sera possible de passer au travers. Nous verrons qu’à chaque stade de la partie, les erreurs à commettre sont légions, et que les imprécisions et les maladresses qu’il sera possible d’effectuer peuvent aussi démontrer l’extrême complexité du jeu d’échecs.
La différence avec les autres livres
Et vous verrez peut être, si vous comparez ce livre avec des ouvrages qui encouragent à bien jouer aux échecs, que très mal jouer aux échecs peut s’avérer également très compliqué, ce qui augmentera de fait votre mérite.
Nous allons donc tout d’abord apprendre à mal jouer les ouvertures, c’est à dire à placer nos pièces aux mauvais endroits sur l’échiquier si possible, à les faire se bloquer, ou à les enfermer, et de manière encore plus générale, à les donner.
Nous allons apprendre à jouer au hasard dans un premier temps, voir moins bien qu’au hasard, en fermant les yeux, ou en cumulant erreurs de stratégies et de raisonnement. Un jour, un élève m’a demandé s’il jouait moins bien lorsqu’il réfléchissait, ou sans réfléchir. Dans son cas, la réponse était simple, j’ai dit c’est pareil ! Mais pour tout un chacun, la réponse aurait pu être différente. Certains ont besoin de réfléchir pour essayer de bien jouer (sans y parvenir, il va sans dire), d’autre n’en ont pas besoin, c’est quelque chose de naturel.
Nous verrons qu’il existe bien des erreurs à commettre, bien des fautes à ne pas manquer, et qu’il y a toujours moyen de parfaire sa médiocrité aux échecs, tant ce jeu est inépuisable en terme de possibilités.
Dominer n’est pas gagner
Je précise que le but de cet ouvrage n’est pas forcément de perdre aux échecs, mais de mal jouer, ce qui est différent. Car il est possible de mal jouer aux échecs et de gagner quand même, puisque des matchs de haute volée se déroulent fréquemment, notamment sous les yeux médusés de spectateurs hagards et le regard interloqué de bien des accompagnateurs qui voient pourtant l’un des deux joueurs crier « victoire, j’ai gagné », et dans ce cas, il va sans dire que la victoire est amplement méritée, et prometteuse. Car il est admis, par tous les spécialistes du sport, que la marque des grands et vrais champions est de gagner leur match même lorsqu’ils jouent moins bien.
On peut donc mal jouer et gagner (et ceux qui appliqueront mes principes et gagneront quand même auront toutes les chances de faire une grande carrière, parce qu’ils partiront de loin !), mal jouer et perdre (un peu plus fréquent), bien jouer et gagner (ce n’est pas du tout l’objet du livre, mais d’autres ouvrages y font référence), bien jouer et perdre (et oui, c’est dommage, mais ça arrive.).
On peut aussi faire des matchs nuls, et tous les joueurs qui liront ce livre en feront tôt ou tard, c’est presque une fatalité.
Je crois et j’espère, c’est en tout cas un des objectifs premiers de ce livre, que lorsque tout le monde aura lu l’ensemble des chapitres et réussi la plupart des exercices et intégré tous les concepts, mal jouer aux échecs sera enfin devenu quelque chose de classique et à la portée de tout le monde, une qualité naturelle et appréciée à sa juste valeur chez un joueur, et nous verrons si gagner présentera toujours autant de difficulté pour tous ceux qui se seront entraîné dans l’optique, eux, de bien jouer aux échecs. Mais normalement, cela devrait les aider.
Certains conseils déjà en application ?
J’ai d’ailleurs constaté, et c’est sans doute une coïncidence, que la plupart de mes conseils étaient finalement écoutés par bien des joueurs déjà, et cela juste avant la sortie du livre, ce qui est je trouve de bonne augure avant la parution. Et vu les matchs récents auxquels j’ai assisté, bien des applications de mes recommandations semblent être en oeuvre, mais il fallait je pense les écrire afin de de les récapituler, et d’encrer ce savoir faire une fois pour toutes qui appartient au bien commun de l’humanité.
J’espère que ces joueurs se reconnaîtront avec un certain plaisir, car cet ouvrage leur est en quelque sorte destiné, s’il ne leur est dédié. Et qu’il leur fera encore gravir les échelons qui leur manquent, et leur fournira les quelques cordes à leur arc pour atteindre le résultat catastrophique qu’il leur est sûrement permis d’atteindre, s’ils s’en donnent la motivation et s’ils en ont la volonté. Et que leur style fera encore des émules parmi la large communauté des joueurs d’échecs, et demeurera une source d’inspiration.
Qui peut « mal jouer » aux échecs ?
Et bien, tout le monde. Oui, absolument tout le monde peut mal jouer aux échecs. Heureusement, ou malheureusement. Le jeu d’échecs a d’ailleurs cette particularité et cette qualité par rapport à toutes les disciplines, c’est qu’il est accessible à tous, et ne permet absolument pas de distinction entre les races, les religions, ni de discrimination d’âge ou de sexe, ni aucune autre d’ailleurs. Alors bien sûr, grâce à cette égalité qu’il est un des seuls à permettre, et c’est heureux, et bien en théorie du moins, il est possible d’affirmer que tout le monde peut mal jouer aux échecs.
C’est d’ailleurs une règle immuable, un rituel, un quasi-sacerdoce. C’est un droit et une philosophie qu’acquièrent tous les joueurs après avoir appris les règles et atteint un certain stade, avec plus ou moins de réussite.
Il est possible de mal jouer aux échecs à différents niveaux, et il est même possible de ne pas savoir jouer aux échecs du tout. Même le champion du monde peut mal jouer, bien sûr, car nul n’est parfait !
Chapitre 1 : Pour bien démarrer
Ne soyez pas matérialiste
Non, s’il vous plaît, ne le soyez pas. Vous le savez, en plus. C’est un vilain défaut, qui vous pousse à la consommation, au gaspillage, et plus tard, à la guerre. Mais passé cet aspect vulgaire et idéologique, revenons au noble jeu. Le but du jeu est de faire mat, pas de tout manger, non plus, vous n’êtes pas dans un fast food. Alors ne vous précipitez pas sur tout ce qui bouge, et contentez vous du strict nécessaire. Bien sûr, vous pouvez encore vous faire plaisir, mais désormais, lorsque vous mangez un pion, pensez aux conséquences. Simplement. L’activité (pas l’activisme, non plus !) est le maître mot, aux échecs.
Envoyez vos pions à l’abattoir – Un jeu de massacre
Il suffit de voir comment l’échiquier est disposé, au début, pour présupposer que les pions ne sont finalement que de simples soldats prêts à servir de chair à saucisse, dans ce qui ne va forcément pas tarder à ressembler à une énorme boucherie sanguinaire .
Lorsque l’on sait que la règle stipule dès ses premières lignes que les pions ne reculent pas, on comprend immédiatement que notre intuition était malheureusement (pour eux) exacte, et qu’il n’y aura dès lors plus guère d’autre choix que de les sacrifier gratuitement, dans les conditions les plus dramatiques et les plus atroces qui soient (pour eux), puisqu’ils sont là pour ça.
Ce sera ensuite à vos pièces de les imiter et de les suivre dans leur agonie et ce combat perdu d’avance, lorsque la débandade des premiers assauts aura dépeuplé votre camp et décimé la quasi totalité de vos forces vives, et que plus personne ne sera là pour vous défendre, ni pour vous abriter, et vous verrez qu’il est vain de rechercher sur un échiquier un quelconque buisson, un maigre arbuste, un solide rocher ou même un dernier brin d’herbe, et il faudra alors faire preuve de talent et d’ingéniosité pour tenter de survivre malgré tout, et préserver vos forces ou vous cacher dans ce tout petit carré, qui pourra vous sembler très vide lorsque seul votre roi y subsistera, que constitue cet échiquier vidé de votre armée.
Cavaliers sur le côté, chargez !
Aujourd’hui, tout le monde a tendance à dire qu’il faut se focaliser en priorité sur l’occupation, ou du moins sur le contrôle du centre de l’échiquier, et ceci dès les premiers coups de la partie, et le plus durablement possible. Cette théorie est évidemment digne d’intérêt, bien sûr, et d’une certaine manière, recevable.
Mais à force de trop répéter cette ritournelle, à la ressasser systématiquement et d’insister un peu trop ouvertement à mon goût sur ce genre de conseils un peu trop vague et pas toujours vérifié, en plus, je trouve qu’on assiste finalement à un discours unilatéral, assimilable dans le fond à une forme de système de pensée unique, ce qui n’est jamais bon, et présente toujours un éternel danger.
Mais sorti de cette considération subjective et néanmoins importante à prendre en compte, sur le plan strictement technique, il se trouve que beaucoup de joueurs et d’entraîneurs se trouvent pris au piège du discours qu’ils répètent inlassablement et en oubliant presque de réfléchir par eux même, et négligeant pourtant un aspect pourtant évident de la géométrie de l’échiquier, associé avec une évidence liée à la perception qu’ont les joueurs de cet échiquier./revers de la médaille/. Oubliant une évidence qui se devrait d’être signalée, une faille même, dont vous allez parfois profiter avec tact et opportunisme : si votre adversaire commet l’erreur de trop se focaliser sur le centre, et porte son regard vers le carré formé par les 4 cases centrales e4, e5, d5 et d4, vous pourrez justement le contrarier plus souvent et plus // qu’il ne s’y attend, à plus d’un titre, et plus souvent qu’à son tour. Vous pourrez effectivement en profiter pour placer occasionnellement un cavalier sur la bande, astucieusement, pour ne pas dire subtilement, pour la simple et bonne raison qu’ici placé, il aura ainsi beaucoup plus de chance d’échapper à son champ de vision.
Il aura alors beaucoup plus de chances de pouvoir s’approcher du point critique et décisif de la position, sans avoir jamais été repéré, et d’arriver avec fracas dans la position ennemie, à l’endroit précis et au moment décisif que vous aurez justement choisi pour faire basculer la partie. Si la messe est dite, les « vilaine bête » de votre adversaire n’y pourront rien changer, votre fidèle destrier, le meilleur ami de l’homme (et du joueur de blitz) aura bien eu raison de suivre la voie du contre-pied aux normes et aux conventions établies et unanimement prêchées.
Deuxièmement, du fait du champ de vision bien particulier à cet animal, vous l’aiderez à faire face à tout l’échiquier, dans son ensemble, si vous le placez à l’abri sur un bord, alors que si vous le laissez exister passivement au centre de l’échiquier alors que la bataille fait rage, devant se méfier de tout ce qui se passe autour de lui et au plus proche de la mêlée, vous risquez de le faire stresser inutilement, ce qui est on le sait mauvais pour la viande, et qu’un coup de sabot se retourne contre vous malencontreusement au moment où vous aurez justement besoin de votre liberté d’action.
Astuce : afin de détourner l’attention de l’adversaire au maximum et lui faire baisser sa garde le plus possible, orientez le regard du cavalier vers l’extérieur de l’échiquier, « pour qu’il fasse mine ou style j’ai l’air de rien ». Vous augmenterez encore le potentiel de destruction de votre destrier lorsqu’il passera à l’attaque, faisant oublier les millions d’années durant lesquelles ses ancètres se comportaient comme de paisibles herbivores.
Pour vous en rappeler
Pour finir avec le cavalier, un moyen mnémotechnique pour vous en rappeler : « Cavalier au bord, Timor ». En effet, le Timor est une île de l’archipel indonésien, dans l’est des petites îles de la Sonde. C’est une région magnifique, touristique et prospère, ce qui confirme encore une fois qu’au bord de l’échiquier, vos cavaliers se sentiront tout à leur aise.
Trouvez une place pour vos fous
Les fous sont toujours gênants, ceci est vrai dans la vie comme sur l’échiquier. Vous allez vous en apercevoir très vite, ou peut être même l’avez vous déjà remarqué si vous jouez déjà aux échecs. Vous vous êtes peut être déjà posé l’épineuse question de savoir comment vous allez pouvoir les développer, cette fâcheuse tendance à vous encombrer si vous ne le sortez pas assez loin, et à se faire attaquer, voire enfermer si vous les envoyez trop loin, disons-le, les fous sont un souci constant, permanent, et pour tout le monde.
Dont il vaut sans doute mieux, pour cette raison connue et reconnue, se priver (si c’est une privation), en tout cas se passer, et cela le plus tôt possible.
Mon conseil sera donc d’échanger les fous dès que vous le pouvez, à la première occasion, contre un cavalier qui est sensiblement d’égale valeur, ou contre la première chose que vous rencontrerez (même un pion). Ou au pire, de les donner. Au final, vous y gagnerez, car le plus vite vous en serez débarrassés, le mieux vous vous en porterez. Vous constaterez par expérience et par définition que c’est effectivement la pièce numéro un de votre camp, la plus nuisible, à supprimer.
Avec une tare bien connue (disons le, car ce n’est pas un secret), qui leur est propre, qui ne leur permet pas de se déplacer partout et de n’évoluer que sur une seule couleur de l’échiquier, les fous font souvent peine à voir. Il va sans dire qu’il en est de même pour celui qui les dirige, même s’il ne faut pas se moquer, et comme il est de plus en plus difficile de s’en débarrasser au cours de la partie (c’est qu’on s’y attache !), on risque en permanence le drame, comme la finale de fous, ou pire encore.
Back to Bedlam !
La fin du monde, mes frères, la fin du monde…
Vous voyez ce que je veux dire ? Parce qu’il y a des choses qu’on veut éviter dans la vie, qu’il faut éviter. A tout prix. Même si tout n’est pas rose, tout n’est pas parfait, même s’il y a toujours des aléas, forcément du pour et du contre, de la joie et de la tristesse, parfois, la vie peut prendre une tournure inattendue, inadaptée, désagréable, à un tel point que c’en est immérité. Et là, les mots, les larmes n’y pourront rien changer. Le malheur, le mal, auront frappé. Et oui, car là, si vous y arrivez, à ce moment là, c’est le drame. C’est le genre d’extrémités qu’il vaut mieux éviter, même si ça arrive parfois au joueur insouciant, ça fait partie de la vie, comme on dit. Ah, cette chienne de vie. Le malheur, la maladie, la calamité, le drame, la scoumoune, la fatalité, quoi. Tout ce dont on se croyait à l’abri, ou réservé aux autres, le voici surgir devant nous, au moment le plus inopportun. Mais y a-t-il un moment adapté pour tomber sur une telle finale, pour affronter une finale de fous de couleurs opposés ? Non. Que nenni. Aucun moment il n’y a. Alors si ça peut vous consoler, ce n’est certes pas grand chose, mais nous sommes désolés, désolés pour vous, vraiment. Nous vous souhaitons nos plus sincères condoléances, et sommes de tout coeur avec vous. Mais vous auriez dû nous écouter, aussi. Pourquoi faut-il ignorer nos conseils élémentaires ? Pour en arriver là ? Vous voyez où ça vous mêne ? Bon, finalement, c’est bien fait.
Malgré la dureté de l’épreuve, ne vous laissez pas abattre, et appliquez la procédure. Concluez immédiatement à la nulle. Appelez l’arbitre, parlez avec votre adversaire, sortez votre chéquier, une arme, faîtes tout ce que vous voulez, mais trouvez un moyen pour que cesse ce calvaire, je dis ça par vous, il ne faut pas insister dans cette voie, car les choses n’iront pas mieux avec le temps, au contraire, elles ne feront qu’empirer.
Ne vous laissez pas abuser
Et si vous croyez qu’ils iront mieux par paire, vous êtes bien naïf. Vous vous mettez le doigt dans l’oeil, mais d’une force… Non seulement vous faîtes fausse route, mais ça se voit que vous ne les connaissez pas. A part se soutenir l’un l’autre et se renforcer mutuellement dans leurs travers, je ne vois pas bien ce qu’on peut tirer d’eux. Ils sont irrécupérables. Ils ne feront au mieux qu’amuser la galerie, mais jamais vous n’obtiendrez quoi que ce soit, ni de bon résultat en misant sur ce genre de bougres.
C’est important, la qualité
Et vous savez comment mater avec deux fous contre un roi seul ? Ok, ça se fait, mais c’est compliqué, non ? C’est long, c’est un mic mac, ça se tourne autour… et à la fin, il ne faut pas déconner. Alors que vous prenez une seule tour, c’est droit, c’est propre, c’est clair, c’est carré… C’est une tour, quoi. C’est pas comme ces deux abrutis. Allez, détruisez les. Vite !
Petit bonus
Petit bonus, pour les coachs : Si vous donnez des cours à des débutants, vous pouvez faire cet exercice : placez un seul fou par camp, sur des cases de couleur opposée (pas de roi), et donnez comme consigne d’être le premier à prendre son fou à l’adversaire. Et bien sûr, le premier qui y arrive le crie haut et fort. A l’impossible nul n’est tenu. Et bien, croyez le ou non, mais certains y arrivent ! Le talent, je vous dis.
Sortez les tours en premier
Activez vos tours en priorité/Trouvez le bon créneau.
Bien sûr, les tours sont parmi les pièces les plus puissantes de votre arsenal, et on leur attribue communément une valeur fictive de 5 points. Avec un tel symbole, 5 étant la moitié de 10 (fallait-il le préciser), il paraît logique de les faire participer au combat en priorité.
Les tours sont donc les plus puissantes, mais aussi les moins mobiles, les moins agiles, et les plus prévisibles. Cependant, vous êtes libre de croire qu’elles pourront faire mouche d’emblée. Activez les dès début et faites les passer le plus vite possible devant vos pions pour bloquer votre développement, jouez les plusieurs fois d’affilée, et placez-les de préférence face à un pion adverse défendu à de multiples reprises, afin que sa menace soit dérisoire. Si vous n’arrivez pas à vous les faire prendre malgré tous ces conseils, vous permettrez au moins à l’adversaire de sortir toutes ses pièces beaucoup plus rapidement, et vous empêcherez toutes les vôtres de sortir et de jouer normalement.
Jouez plusieurs fois la même pièce
Bien que le champ d’action de l’expression de vos pièces soit un échiquier et non un théâtre, vous pouvez jouer plusieurs fois la même pièce. Lorsque vous avez posé le regard sur une pièce, lorsque vous avez décidé de lui faire tenter sa chance personnellement et goûter à l’aventure, lorsqu’elle bénéficie de la chance unique d’enfin quitter son nid et de pouvoir sortir librement pour déployer ses ailes, visiter, voir du pays et pouvoir enfin évoluer sur l’échiquier qui se découvre, la moindre des choses est de la faire profiter de l’occasion et d’aller /visiterse poser sur plusieurs cases différentes, en attendant sa décision.
Après avoir visité plusieurs cases successive (3 ou 4 cases en moyenne), elle pourra vous faire part de son ressenti, et vous dire où elle se sent mieux. Vous pourrez alors la rejouer une nouvelle fois pour l’y replacer, définitivement cette fois, en espérant que l’endroit ne soit pas devenu périlleux depuis, mais c’est un risque à prendre et le prix à payer pour que vos pièces se sentent mieux et qu’elles vous sachent à leur écoute. Elles se sentiront accompagnées et choyées, et vous donneront beaucoup plus de satisfaction si vous prenez soin d’elles, et vous vous en occupez dignement, une à une.
Chapitre 2 : Le bon raisonnement
Le raisonnement propre au jeu d’échecs est indispensable pour orienter la réflexion d’un joueur, et donc pour lui permettre d’améliorer ses anticipations.
A partir de là, faire des erreurs de raisonnement est un des moyens les plus sûrs qui vous assurera le résultat de mal jouer aux échecs. Au même titre que les erreurs d’étourderie et de calcul, mais d’autant plus que les erreurs de raisonnement ne sont souvent pas ponctuelles, et permettent d’annihiler n’importe quelles observations justes.
Surtout, ne prévoyez rien !
On entend régulièrement parler de la question du nombre de coups à l’avance qu’un « bon joueur d’échecs » est censé calculer, comme si ce nombre existait. Donc à l’inverse, par conséquence, on peut réfléchir au nombre de coups que le « mauvais » est censé éviter de son côté, pour éviter de l’imiter, et de lui ressembler. En fait, ce nombre n’existe pas, ou du moins il varie pendant la partie, puisqu’évidemment, cela dépend de la position.
Pour ne pas tomber juste, ne serait-ce qu’une fois dans la partie. En vérité, ce nombre est d’autant plus difficile à cerner qu’il varie selon chaque circonstance, la situation, et pour chaque position donnée. A tel point qu’on explique assez souvent que pour cette raison, ce nombre n’existe simplement pas, ou tout du moins n’est pas immuable.
Pour cette raison, pour être sûr de ne pas tomber sur ce nombre de coups, de ne jamais tomber dessus et l’éviter quoiqu’il arrive, puisqu’il varie, surtout, ne prévoyez rien. Ne prévoyez aucun coup, jouez juste le vôtre, il faut partir du principe que par définition, l’adversaire peut jouer ce qu’il veut, donc qu’il le jouera, et vous réfléchirez ensuite. Il pourra forcément vous déstabiliser tôt ou tard, de toutes façons, et ça ne sert absolument à rien d’essayer d’anticiper quelque chose, surtout aux échecs.
Et puis, qui n’aime pas les surprises ?
Le plus important, c’est la chance !
Aux échecs, il ne sert à rien de réfléchir, la plupart des joueurs le savent, ou en tout cas adhèrent à ce concept lorsqu’ils se trouvent au devant de l’échiquier. Et il va sans dire qu’ils ont raison, il n’y a qu’à voir à chaque tournoi disputé des joueurs que l’on pense très forts réfléchir pendant des heures, sur une partie qui leur tient à coeur, pour finalement perdre. S’ils avaient intégré le bon raisonnement d’emblée et compté sur la chance, le résultat aurait certainement été différent.
Peut être avez-vous être entendu parler de l’histoire du singe, qui pourrait jouer un morceau de musique classique au piano, en tapant successivement des notes aléatoirement sur le clavier, sans en connaître la musique au préalable.
Oui, c’est un poussin.
Eh bien, aux échecs, c’est exactement pareil. A chaque coup, il y a une possibilité pour que le dernier des imbéciles joue à chaque fois le meilleur coup, et s’il joue contre le champion du monde qui lui fait fatalement des erreurs, même minimes, il peut gagner. A partir de là, il devient évident que l’existence de la chance joue un rôle primordial dans une partie d’échecs, et plus particulièrement au haut niveau.
Le hasard peut-il remplacer la chance ?
Le hasard ne peut pas remplacer la chance. Un jour, un coach ami m’a soufflé : « Les échecs, c’est 50% de hasard, et 50% de chance ». Et il s’y connaît, puisqu’il est coach, et donc ami. Et d’une certaine manière, cela peut paraître étonnant, mais c’est pourtant vrai. Je suis quand même allé vérifier cela sur un grand nombre de parties (perfectionniste), et en fait, du moins en terme de statistiques, j’ai pu constater que c’était effectivement très souvent le cas. Mais parfois, en de rares exceptions, j’ai pu voir que c’était aussi l’inverse.
N’écoutez que les mauvais conseils
Naturellement, tous les conseils ne se valent pas, certains peuvent vous faire mal jouer, d’autres très mal jouer, mais faites toujours attention, car on peut aussi vous donner de bons conseils. Faites bien la distinction dès le départ à ce sujet, et rejetez en bloc et naturellement les idées qui vous détourneraient de l’objectif du livre. Focalisez-vous sur votre but une fois pour toute, et soyez lucide sur l’évidence et le fait que si vous écoutiez tout le monde, votre style en serait forcément contrarié.
Après chaque explication, que ce soit le cas ou non, et parfois pour certains cela ne fait jamais de différence, dites bien surtout que vous avez toujours tout compris.
Mais soyez vigilant et soyez ferme, et ne jouez pas ce que vous a dit quelqu’un qui souhaite vous faire progresser, « pour lui faire plaisir ».
Et dîtes-vous bien qu’on est jamais à l’abri d’un bon coup.
L’importance d’être constant
Essayez de mal jouer toute la partie, plutôt que de limiter vos erreurs à un seul coup, à une grosse gaffe irrémédiable, même si elle vous garantit la défaite. C’est certes le genre de choses qui arrive fréquemment, et la manière préférée des joueurs qui cherchent à bien jouer mais perdent, mais ce genre de chose laisse des regrets.
Il vaut mieux mal démarrer dès le début, avoir une position sans perspective ou avec beaucoup de retard de développement, des pièces très mal placées et laisser l’adversaire mettre les siennes où il veut, puis tout vous prendre et ne lui opposer aucune résistance.
De cette manière, avec un jeu aussi homogène et huilé, vous serez – et vous arriverez plus vite sur les dernières tables des tournois, et vous y rencontrerez plus rapidement des joueurs qui imiteront en fait pâlement votre style. Vous pourrez toujours aussi mal jouer face à eux si vous le décidez, mais en tout cas, vous aurez de plus en plus de mal à perdre.
Confondez le roi et la dame
Cas numéro 1 :
Vous avez envie d’attaquer, de vous lancer, vous voyez une grosse ouverture dans le camp adverse, et vous voulez y envoyer votre dame. Vous la prenez et vous constatez que vous tenez en fait votre roi dans la main : Excellent ! Vous abandonnez votre idée avec déception, et vous êtes obligé à présent de bouger ce roi que vous avez dérangé à mauvais escient d’une seule case, ce qui lui interdira définitivement de roquer.
N’importe quoi.
Exemple numéro 2 :
Vous avez et vous voyez de la place entre la tour et vos deux pièces centrales. Vous mettez la dame à côté de la tour, et vous vous rendez compte trop tard que vous n’êtes pas du tout en train de roquer, mais de jouer un coup de dame complètement inutile et contre-productif, en la mettant derrière 3 pions en milieu de jeu. Là encore, vous utilisez au mieux l’éventail des idées et des subterfuges pour mal jouer aux échecs.
Bravo, c’est mal joué !
Montez le roi à la volée
Après tout, c’est facile d’envoyer toute son armée et toute sa population au casse-pipe, non ? Peut être vous étiez vous vous aussi fait cette remarque, en aparté. Et entre nous, vous avez un peu raison. Et savez-vous qui a inventé les règles ? Non ? Et bien, si vous voulez mon avis, il y a peut être des raisons. Celui là a surement de bonnes raisons de rester caché, et à mon avis, il s’agit vraisemblablement d’un planqué. Au minimum.
On dit parfois que le roi est la pièce la plus importante (et tout ça, tout ça, et bla, bla, bla), il serait donc inconscient, voire suicidaire, d’envoyer son roi à l’action dès le début de la partie.
Mais pourquoi ???
A mon avis, cela est une aberration. Tout le monde doit mettre sa main à la pâte de nos jours. Le roi, même s’il est moins à l’aise que la dame pour certaines tâches, peut quand même donner un coup de main lorsque cela lui est possible. Nous sommes quand même au XXIème siècle. Et puis, au centre de l’échiquier, il a un statut intéressant. Une vue d’ensemble, il peut surveiller les opérations et encourager ses troupes. Etre un leader, ça n’est pas donné à tout le monde.
Et puis, gardons les règles à l’esprit : il est interdit de prendre le roi. A partir de là, profitons-en !
Comment cela se passe-t-il dans les autres sports. Au tennis, cela dépend de la surface. Sur terre battue (Roland Garros, Monte Carlo), c’est vrai qu’il est déconseillé de monter à la volée, c’est trop facile de se faire passer, car la surface est lente et les balles y sont ralenties. Mais sur surface dure (Wimbledon, US Open), il n’y a aucune contre indication à cela, bien au contraire, ce sont souvent les attaquants qui triomphent.
Alors, comme toujours, prenez exemple sur les champions des sports les mieux rémunérés. Montez votre roi à la volée (sauf si vous jouez sur terre battue). Comme plus aucun tournoi d’échecs ne se déroule sur cette surface de nos jours, appliquez ce conseil en toute circonstance, vous ne craignez rien, et vous ne serez jamais déçu. Et au centre, le roi a toujours plus de cases accessibles que sur le côté, et que dans un coin. Il est beaucoup plus difficile, voire impossible de l’enfermer. Mais c’est une évidence, non ?
« Les pions sont l’âme du collège. »
Oui je sais, cela n’a rien à voir, mais je tenais à le dire. C’est pour moi, ça me fait plaisir. Vous leur direz ?
Conseils pendant la partie
Pensez à ce que vous allez manger ce soir
Toutes les idées qui n’ont aucun rapport avec le jeu sont bonnes à prendre. Soyez distrait et dispersez-vous dans la réflexion, que vous n’essayez d’ailleurs même pas d’avoir sur le moment.
Ayez simplement comme regret que vous ne pouvez pas poser la question à votre adversaire sur le moment, mais préparez-vous psychologiquement à commettre une erreur de plus pour écourter la partie encore plus vite, et de vous mettre dans les meilleures conditions pour le reste de la soirée.
Le pat
Si par hasard (je dis bien « par hasard »), vous avez pris nettement le dessus sur votre adversaire, tout espoir n’est pas forcément perdu ! Il vous reste une chance de compromettre tout cela en ratant un mat évident, en faisant trop de dames, et au final, en faisant pat, par exemple. Cette règle salvatrice peut vous éviter une victoire trop simple (donc probablement imméritée), et vous assurer une réputation durable parmi vos pairs.
Normalement, c’est bien parti.
Dans cet exemple, vous pouvez faire mat de 5 manières différentes, et si vous ne les voyez toujours pas même en réfléchissant un peu, c’est bien et c’est encourageant, signe que la lecture du livre est en train de porter ses fruits pas à pas. Comme vous le voyez, l’adversaire n’a plus que son roi à bouger, il n’a donc plus aucune chance de gagner quoi qu’il arrive, et vous auriez normalement l’embarras du choix pour conclure à votre avantage.
Mais vous pouvez mettre un terme immédiatement la partie, et lui offrir le match nul sur un plateau, en un coup, en faisant pat, soit en jouant Dame f7.
Vous le forcez alors au partage des points, et vous obtenez le plus mauvais résultat possible grâce à ce coup désastreux qui ne présentait aucun avantage particulier à l’origine.
Bingo !
Vous provoquez alors le sourire et la liesse chez votre adversaire et parmi les observateurs de la partie, et plus encore chez les personnes qui vont entendre parler de cette trouvaille pendant quelques jours et en rire. Et précisément, est ce qu’une bonne ambiance, la détente et la bonne humeur ne sont pas l’objectif principal, lorsque l’on joue à un jeu comme le jeu d’échecs ?
Tombez dans le panneau !
Bien sûr, vos adversaires vous redoutent, et doivent user de beaucoup d’énergie pour mener leur réflexion à bien s’ils veulent venir à bout de votre roi, et trouver des stratagèmes élaborés. Parfois, ils vous tendront des pièges, et vous inviteront à vous mettre dans une fâcheuse posture si vous les acceptez.
Ce n’est pas une obligation, mais vous pouvez les accepter. Souvent, les joueurs oublient qu’ils viennent de tendre un piège et abandonnent dès qu’ils viennent de perdre du matériel, ou cessent de se battre.
N’acceptez pas les cadeaux !
N’acceptez pas les cadeaux : n’acceptez que les pièges. Et faîtes très attention, car la nuance est souvent fine, et sous leurs airs de pièges, certains coups joués par vos adversaires s’avéreront finalement être des cadeaux. Et il serait malvenu d’accepter un cadeau de la part d’un adversaire.
Si vous hésitez et si vous ne savez pas forcément faire la différence entre un cadeau et un piège, parce que vous n’arrivez à prévoir quoi que ce soit, par exemple, voici une piste : jugez au faciès. Regardez votre adversaire, et en fonction de s’il sourit ou s’il fait mine d’être inquiet, vous pourrez alors élaborer un raisonnement. Qui ne tiendra pas debout et ne vous dira rien sur l’existence ou non d’un piège tendu, mais qui pourrait vous sembler valide et vous faire prendre une décision, même si elle est sans fondement, et même si ce n’est pas la bonne. Mais il faut savoir se décider.
Dans les deux cas, sachez tout de même que l’acceptation d’un piège est à priori déconseillée, mais qu’entre les deux idées, accepter un piège est finalement plus courageux qu’accepter un cadeau. Comme pour les sacrifices mal préparés, justifiez toujours vos choix en expliquant que vous avez volontairement accepté le piège, que c’est votre façon de jouer, et rajoutez que vous avez aussi eu la politesse de faire vous, de votre côté, plusieurs cadeaux.
Les cadeaux empoisonnés
Vous vous en doutez, la plupart des cadeaux n’en sont pas. La plupart du temps, ce sont des pièges. Enfin, ça dépend du niveau de votre adversaire, si l’adversaire est tout nul, ça peut aussi être un cadeau, mais pour simplifier, disons que ce sont le plus souvent des pièges.
Peut être avez vous déjà accepté des cadeaux empoisonnés, et si c’est le cas, j’espère que vous vous en êtes remis, mais si vous n’avez pas eu cette chance, il y a fort à parier pour que vous soyez tombés sur des monchéris.
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Attention aux pions empoisonnés !
Sur le même thème que le refus des cadeaux, sachez que la plupart des cadeaux sont empoisonnés. Ce qui est de bonne guerre, avouez le, car si vous le pouviez, vous feriez pareil ! En particulier //
On ne peut pas sauver tout le monde !
Vous le savez déjà si vous vous êtes déjà entraîné dans un club d’échecs, on ne peut pas gagner contre un bon joueur sans sacrifier pas mal de pions et quelques pièces. Et il se dit aussi que lorsque presque tous les joueurs vérifient soigneusement, scrupuleusement la valeur des pièces en jeu sur l’échiquier, à chaque coup, les meilleurs joueurs savent aller au-delà de cet indice et faire abstraction du matériel pour mater leur adversaire même en sous-nombre, ce qui leur semble assez normal.
A partir de là, considérez avec raison que le matériel est secondaire, et sacrifiez toutes les pièces que vous voulez, ne vous inquiétez pas pour elles, elles ne souffrent pas. Vous verrez plus tard s’il vous reste une chance de mater avec une ou deux d’entre elles, et si ce n’est pas la cas, n’ayez pas de remord, puisqu’un sacrifice n’est jamais vain. Mais au contraire, une tentative pour tenter de l’emporter avec audace.
Un sacrifice est quelque chose d’osé, et difficile à prévoir. Lorsque vous tentez un sacrifice, volontaire ou non, vous surprendrez forcément. Lors de l’analyse, expliquez toujours que vous aviez pensé à la suite quoi qu’il arrive. Vous impressionnerez toujours votre adversaire ainsi, et même en cas de défaite, il sera toujours intrigué d’avoir gagné contre un adversaire aussi talentueux, alors qu’il pensait avoir bénéficié de cadeaux. Semer le doute chez son adversaire, lui faire perdre ses repères et abandonner ses certitudes et faire naître la perplexité chez lui, c’est aussi cela qui vous permettra de prendre le dessus plus tard et de justifier cette assurance, une fois que vous saurez faire la distinction entre un sacrifice valide et une perte sèche.
La poignée de main
Jouez mal, mais restez fair-play !
Evidemment, est-il besoin de dire, le fair-play et la correction sont deux choses qui font partie intégrante et sont absolument impératives au jeu d’échecs, et à son système de valeurs bien définies et bien léchées.
Bien sûr, on ne refusera jamais une main tendue par l’adversaire, ni avant, ni surtout après la partie, que l’on gagne ou que l’on perde. Simplement, on peut la serrer plus ou moins fort.
Et si c’est une fille ?
Evidemment, nous avons déjà précisé qu’il n’y avait aucune discrimination aux échecs, donc à fortiori encore moins de sexisme, même si les filles sont moins fortes. Les mêmes règles de respect et de fair-play s’imposent donc évidemment dans tous les cas, et avec tous les adversaires, y compris, donc, les femmes. Je dirais même plus, et « d’autant plus » avec les femmes, puisqu’une femme a à priori moins de force dans la main, et vous avez donc plus de chance d’avoir le dessus à la fin de la partie, « au cas où ».
Remarque : Il y a une catégorie réservée aux femmes et une catégorie où les hommes et les femmes participent ensemble, dite catégorie mixte. Les joueuses qui choisissent courageusement la catégorie mixte, plus rares, consacrent sans doute une partie de leur temps à s’entraîner à la poignée de main, qui conclut toujours une partie d’échecs. Cela explique peut être en partie certains de leurs résultats.
« Celui qui prend des risques peut perdre, celui qui en prend trop perd tout le temps. »
Cette citation célèbre aux échecs, ou qui ressemble à une citation célèbre, nous donne des indications importantes sur deux manières différentes de mal jouer aux échecs.
La première est donc précisément de jouer passivement, le plus passivement du monde, de ne rien faire, et d’attendre que l’adversaire sorte tous ses atouts et vienne nous mater. Nous mater facilement, d’une manière ridicule, peut être, pour ne pas dire « comme une crotte ». (expression échiquéenne). Cette option est évidemment intéressante, et pratiquée par bon nombre d’amateurs qui privilégient la prudence.
La seconde est de partir à l’abordage sans son couteau suisse et sans son portable, ou sans son maquillage si on est une fille, et de se jeter tête baissée dans un précipice plus grand que les abysses.
Mais la seconde solution est la plus sûre pour arriver à vos fins, puisque prendre des risques peut vous faire perdre, mais ce n’est pas sûr. Tandis que prendre trop de risques vous garantit le résultat, quoiqu’il arrive. Et on ne se prive pas, de nos jours, de la sécurité. Y compris de celle du résultat.
Roquez côté cimetière, ou ne roquez pas
Souvent, le roque est une perte de temps. Et pourquoi choisir un côté dès le début, d’ailleurs ? Car une fois le roque effectué, l’adversaire sait où vous attaquer. Vous avez l’air malin. En ne roquant pas, vous ne lui donnez aucune indication, ce qui est la moindre des choses. Encore plus efficace que les lunettes de soleil, et la fameuse pokerface !
Les pions sont faits pour être avancés, avancez les. Il sera toujours temps de roquer lorsqu’il sera trop tard. Vous le savez, rien n’est jamais perdu. Et si jamais vos pions ne sont plus ici à ce moment là, ce sera toujours un mal pour un bien, car alors vous ne craindrez plus le mat du couloir, ce qui n’est pas rien. Le roque « côté cimetière » est un coup élégant, ambitieux et imprévisible. Il permet de donner un tournant à la partie (pas toujours à votre avantage, certes), mais il peut surprendre. C’est un coup élégant, romantique, donc remarquable d’une certaine manière. A posséder dans sa panoplie.
Sacrifiez, sacrifiez, il en restera toujours quelque chose !
N’ayez pas peur de penser à faire, ni d’effectuer des sacrifices hasardeux, car si il existe bel et bien, vous savez sans doute qu’il n’y a pas vraiment de place pour le hasard aux échecs. Votre adversaire peut se trouver déstabilisé, s’il est fragile psychologiquement, et perdre ses moyens. Selon la formule « Qui ne tente rien n’a rien », tentez ! Et si vous perdez, recommencez ! La chance sourit aux audacieux.
Jouez passif !
Passif est un gros bourrin, qui n’a encore jamais gagné une course, mais qui rapporte plus de 50 contre un. Alors si vous voulez faire une belle opération, n’hésitez pas, et jouez Passif ! Il court dans la troisième, tous les jeudis et tous les lundis soir. Une valeur sûre, vindiou ! Et n’oubliez pas que 100% des gagnants ont tenté leur chance.
Jouez de la main gauche
Non, c’est une blague. Jouer de la main droite ou de la main gauche ne change pas radicalement votre jeu. C’est votre esprit, votre cerveau qui doit guider vos pions, pas l’inverse. Si vous pensiez que jouer de la main la gauche allait améliorer votre réflexion, vous êtes mal barrés.
Et maintenant, la preuve par l’exemple
Voici quelques exemples pratiques :
Afin de vous confronter à la dure réalité, voici quelques exemples de parties réalisées par des joueurs expérimentés. Nous prendrons de préférence des parties de champions du mondes, pour leur donner plus de résonance. Bien sûr, nous aurions pu prendre des exemples de joueurs beaucoup plus ciblés et beaucoup plus méritants, mais cela aurait plus long, et il aurait été délicat de choisir un joueur plutôt qu’un autre. Nous ne pouvions pas tous vous départager.
Kasparov
Voici la partie la plus courte de Kasparov :
Deeper Blue (ordinateur de poche) – Kasparov
6° partie, 11 mai 1997
Caro Kann
1.e4 c6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4 4.Cxe4 Cd7 5.Cg5 Cgf6 6.Fd3 e67.C1f3 h6 8.Cxe6 De7 9.O-O fxe6 10.Fg6+ Rd8 11.Ff4 b5 12.a4 Fb7 13.Te1 Cd5 14.Fg3 Rc8 15.axb5 cxb5 16.Dd3 Fc617.Ff5 exf5 18.Txe7 Fxe7 19.c4 1-0
Et vous, tiendrez-vous plus de 20 coups contre Wii Chess ??
Kasparov
Alexander Huzman – Garry Kasparov :
Dans cette partie, Garry Kasparov affronte Alexander Huzman. Nous sommes en 2003, à la coupe d’europe des clubs. Il vient de gagner une belle partie contre Grishuk, son adversaire est classé 2574, lui 2830. Nous sommes au 20ème coup. La partie s’est déroulée normalement, voici les premiers coups :
1. Cf3 d5 2. d4 Cf6 3. c4 c6 4. Cc3 e6 5. e3 a6 6. b3 BFb4 7. Fd2 O-O 8. Fd3 Cbd7 9. Dc2 Fd6 10. Ce2 c5 11. O-O b6 12. cxd5 exd5 13. Cg3 Fb7 14. Cf5 Fc7 15. dxc5 bxc5 16. b4 c4 17. Fe2 Ce4 18. Fc3 Cxc3 19. Dxc3 Cf6 20. Tfd1
Dans cette position, Kasparov va jouer Fç8. C’est mal joué, n’est-ce pas ? Il va attaquer le cavalier f5 avec son fou, mais c’est sans compter Txd5, attaquant la dame, et rendant la prise de la tour impossible par la dame à cause de la fourchette en e7, et par le cavalier à cause du mat en g7.
Txd5 ! Ca par contre, c’est bien joué !
Il a donc joué De8, et alors Fxç4 perd un deuxième pion, le cavalier étant toujours protégé par la tour, qui n’est même plus attaquée par la dame. (Et si le cavalier prend la tour, la Dame fait toujours mat en g7).
Au 22ème coup, il abandonna, un de ses meilleurs coups.
Anand
Voici à présent une partie d’Anand.
Nous aurions pu vous montrer sa partie où il perdit contre une fille avec une pièce de plus, mais nous nous en abstiendrons, car ce serait un peu désobligeant pour lui, je trouve, voire humiliant. Un tantinet indécent. Et en plus, il paraît que dans ce cas, c’est Polgar qui a bien joué.
En fait, non, je pense qu’il ne vaut mieux pas, à la rigueur, c’est mieux pour tout le monde, oui oui, c’est mieux comme ça.
A présent, une autre partie, d’un autre champion du monde.
Kramnik
Une partie de Kramnik, au moment où il est champion du monde, donc, et il défie deep fritz (c’est un logiciel, bien sûr, personne ne s’appelle comme ça). Et en un sens, il a bien fait. Dans cette position, il va jouer :
De3 ??
Dommage, parce qu’il y a mat en un. C’est pas grave, ça arrive !
Fischer
Le plus grand joueur du monde. Bobby Fischer en action. Tout le monde connaît cette partie. Beaucoup de débutants s’en inspirent : ils ont bien raison.
Dans cette position, Fischer va jouer Fxh2 :
et 30. g3, enferme le fou
Et même après 30. … h5 31.Re2 h4 32.Rf3 h3 il y a 33.Rg4 Fg1 34.Rxh3 Fxf2 35.Fd2, et le fou est toujours enfermé. Mais c’était bien tenté !
Un coup de maître
Un coup de maître, ou de grand maître, même. Dans ce cas, à présent, c’est à vous de jouer !
Un petit exercice, pour vous. Saurez vous trouver le seul coup des blancs qui donne un mat en 1 coup aux noirs ? S’il existe, ce n’est sûrement pas une très bonne chose à faire. Vous l’avez ?
Bien joué !
Oui, bien joué ! en jouant Rf4, cela permet Db8, qui fait bien mat, vous pouvez vérifier. Vous allez dire que je le fais exprès, aussi, mais non, promis. C’est bien une partie qui a été jouée, à Linarès, en 2002. A ce qu’il paraît, les deux joueurs ont mis plusieurs minutes à s’apercevoir du mat.
Bacrot
Baissons un peu de niveau à présent, si l’on peut dire, et intéressons nous au multichampion de France, Etienne Bacrot. En 2008, il joue contre Inarkiev, et dans cette position, il va jouer…
23. De7 !
Pas mal !
Mais bon, le cavalier était peut être caché par le roi, je ne sais pas… D’où l’importance de ne pas placer les cavaliers au centre, ils y sont trop visibles. Vous voyez ? Mes conseils ont du bon. Y compris à haut niveau.
Carlsen
Voici à présent une partie de Carlsen, actuel champion du monde et recordman du meilleur classement. Dans cette position, il va jouer Rç8. Mais c’est sans compter Cxç7, et si le roi prend le cavalier, il s’expose à une découverte qui rendra les choses désagréables.
Bien sûr, ce n’est pas un exemple exceptionnel, mais sa carrière ne fait que commencer !
Alors, vous voyez ?
Voilà. A présent, c’est fait, nous en avons fait la preuve. (CKFC). Grands maîtres, champions de france, champions du monde, et même les plus grands joueurs de tous les temps, effectivement, tout le monde en est capable. Et tout le monde peut mal jouer aux échecs. Comme nous vous l’avions dit, d’ailleurs. Vous en doutiez ? Alors clairement, cela devrait vous décomplexer, normalement, à défaut de vous aider !
En conclusion
En conclusion, si vous avez tout compris à ce qui vient d’être expliqué, alors c’est très bien, vous êtes bien parti, et vous pouvez passer à la pratique sans complexe. Si vous avez bien lu et bien retenu les concepts essentiels du livre, vous pouvez vous lancer dans le grand bain sans souci, au moins dans le petit bain, dans le pédiluve si vous voulez, ou dans le jacuzzi, à la rigueur. Ou oui, ok, dans la flaque. Mais en tout cas, ne vous arrêtez pas à la douche, ce serait dommage.
Partie amicale, tournoi sérieux, foncez ! Allez-y, je vous garantis que vous êtes prêt. Si je peux vous donner un conseil, si vous en avez l’âge, commencez par un tournoi scolaire. C’est ici que j’ai le plus de lecteurs, et vous vous y retrouverez en plus grand nombre. Là bas, mon style fait rage. Un petit clin d’oeil complice lorsque votre adversaire vous donnera une pièce, et vous saurez que vous êtes entre vous.
Mais si vous voulez, jouez aussi sur internet. Pariez de l’argent si vous voulez, ce genre de choses apporte un peu de piment, il n’y a pas d’arnaque. Si vous commencez les échecs, vous aurez avec vous la chance du débutant, ce qui représente, comme nous l’avons dit, 50% du travail (pas plus, pas moins), ce qui est énorme. Et si cela fait déjà un moment que vous vous acharnez sans réussite, poursuivez votre effort : le travail paye toujours, et, plus important encore, la nouvelle génération arrive !
Alors, « Bonne chance » !