Intérêt de tendre un piège

Peut-on « tendre un piège » ?

C’est humain d’y penser, car si on veut gagner, il faut bien que l’adversaire fasse au moins une erreur, donc l’y inciter fait partie du jeu.
Ce n’est pas donc pas inconcevable, toutefois je vais dire qu’en général c’est un peu risqué, un peu plus pour celui qui tend le piège, en général, que pour celui à qui on le tend.

Il faut distinguer certaines situations :

Si le coup « piège » est le meilleur coup de la position, dans tous les cas, il faut évidemment le jouer.
Si c’est un bon coup, mais pas le meilleur, je dirais « la question se pose ». Tout dépend si c’est un piège simple ou élaboré, du niveau de l’adversaire, et du « manque à gagner » entre le meilleur coup, et le coup tendant le piège.
Toutefois, si on veut jouer « au mieux », on essaye de jouer le meilleur coup quoi qu’il arrive.
Si la position est compromise ou très compromise, et que les chances de retourner la situation s’amenuisent. Si c’est la « dernière chance » en quelque sorte, alors je dirais « pourquoi ne pas tenter le coup » ?
Mais si c’est un coup moyen ou douteux, et que ce n’est pas obligatoire de le tendre, alors étudions les deux possibilités :
Soit l’adversaire tombe dans le panneau, et alors tant mieux. Mais, nous devons nous demander : si nous avons vu le piège, alors pourquoi l’adversaire, intelligent également, devrait-il ne pas le voir ?
Il peut très bien ne pas faire pas l’erreur espérée, et jouer le bon coup. D’autant plus si l’erreur attendue est assez simple à voir, la rigueur étant de mise, lorsqu’on trouve une suite en sa faveur, généralement on fait des vérifications.
Alors on se trouvera dans une situation moins bonne que si notre coup précédent était le meilleur coup « en soi ».

Dans ce cas pour résumer, tendre un piège devient « prendre un risque », celui que l’adversaire le déjoue, et se retrouve finalement dans une situation un peu meilleure qu’avant.
C’est donc un peu contraire au principe qui voudrait que la victoire dépende de son jeu, et non d’une erreur adverse.
En plus, rajoutons que si l’adversaire commet une erreur que nous n’aurions pas commise, au moins à ce moment c’est que nous sommes meilleurs que lui. Donc on peut imaginer qu’on gagnerait sans doute « à la régulière », tôt ou tard. Prendre un risque revient donc à une petite contradiction en soi, dans la plupart des cas.