« Traité humoristique pour ne rien comprendre au jeu d’échecs »
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
« Comment mal jouer aux échecs », ou peut-être un bestseller en puissance. Voici une question cruciale, une interrogation originale qui pourrait susciter un vif attrait parmi les amateurs du jeu, ou même chez les novices, et pourrait faire de ce livre un grand succès littéraire. Du moins, dans sa catégorie, enfin, c’est ce que je pense en écrivant ce livre… Car qui ne s’est jamais demandé comment appliquer le concept du jeu à la lettre ? (le jeu d’échecs !) Qui n’a pas envie d’en connaître les rouages, de se forger un style improbable, inimitable, de maîtriser l’épineux sujet qu’est le jeu d’échecs ?
A QUI S’ADRESSE CE LIVRE ?
Précisons, avant toute chose, qu’il n’est nul besoin d’être fort ou d’être un expert aux échecs avant l’ouverture de ce livre, bien au contraire. Il s’agit juste d’un traité humoristique, que chacun devrait être à même de comprendre… Même la connaissance des règles n’est pas obligatoire, simplement un petit plus pour le lecteur. De plus, au fur et à mesure de l’avancée du livre, elles se devinent d’elles-mêmes…
Ce livre concerne tout le monde ! Du plus jeune au plus vieux, du tout noir au plus blanc, ou du garçon à la fille, cet ouvrage a été conçu pour chacun, et devrait faire plaisir à pas mal de monde. Car si « mal jouer » aux échecs n’est normalement pas un but en soi (du moins officiellement), c’est pourtant une chose très souvent réalisée. Souvent en connaissance de cause, d’ailleurs, mais pas toujours… car c’est parfois à l’insu du plein gré de celui qui croit bien jouer… et ne le fait pas. En tout cas, cela arrive beaucoup plus souvent qu’on ne le pense (ça arrive même à tout le monde, car tout le monde perd des parties !) sans qu’on ne sache réellement pourquoi. Alors, voici juste pour vous, une étude complète et un résumé élargi sur ce passionnant sujet.
LA SITUATION ACTUELLE, UN PETIT TOUR D’HORIZON
Le jeu d’échecs est un jeu si pratiqué de nos jours, si enseigné, si étudié et analysé que les livres publiés sur le sujet ne tarissent pas, et se sont sans cesse, (trop ?) multipliés. Et qu’il me semblait, un paradoxe, que malgré une qualité réelle et des améliorations constantes, ils parvenaient de moins en moins bien, et de moins en moins souvent à leur fin. Avec une réussite de plus en plus approximative, donc, lorsqu’ils tentaient d’apprendre à pratiquer les échecs avec succès, et à bien expliquer, à bien faire comprendre tout ce qu’il faut savoir pour bien jouer aux échecs. De là, m’est venue cette idée… du contre-pied.
DONNER UN BUT AUX JOUEURS QUI SE CHERCHENT
J’ai alors pensé qu’il fallait peut-être trouver autre chose dans la manière de divulguer les informations primordiales, proposer une nouvelle formule, une nouvelle voie pour apprendre à jouer, une nouvelle méthode, ou tout simplement proposer une nouvelle approche de l’enseignement du jeu. Plus pragmatique, et plus en phase avec les moyens des joueurs potentiels. De sorte qu’ils atteignent ainsi rapidement le niveau de croisière des joueurs actuels. Et avec d’autres objectifs également, peut-être plus directs et plus accessibles à la « new generation », peut-être, en tout cas différents. Et bien sûr, aussi, plus réalistes…
UNE QUESTION RÉPANDUE
Comment mal jouer aux échecs, voici une question légitime que beaucoup de gens se posent. Bien sûr, certains y arrivent très bien tout seuls, ils n’ont pas besoin de conseils ! Certains sont plus doués que d’autres et se débrouillent très bien d’emblée, et cela peut être dû à plusieurs causes comme l’intuition (la mauvaise intuition bien sûr), la médiocrité (la médiocrité innée), ou encore, et c’est toujours le facteur le plus important car rien ne se fait sans elle : la volonté. Et naturellement, ne parlons pas du travail !
Nous vous expliquerons donc comment mal jouer aux échecs, ce que je pense tout le monde a le droit de savoir. Donc comment mal jouer, oui, mais comment BIEN mal jouer aux échecs ! Car il existe bien des niveaux aux échecs, dans l’excellence comme dans la médiocrité, différents stades et différents paliers à atteindre, et c’est ce que nous allons vous expliquer plus en détail.
POURQUOI UN TEL OUVRAGE ?
C’est un peu ce que je viens de dire, me semble-t-il. Mais en vérité, il y a une raison supplémentaire. Lorsque je me présente à une classe en tant qu’animateur d’échecs, je fais une précision importante à mes élèves : j’explique d’emblée que je suis ici pour leur apprendre à jouer, et que je peux tout leur apprendre. En premier lieu que pour jouer, il y a différentes manières, et qu’il est possible de bien jouer, et de mal jouer, chacun était libre de décider. Eh bien, croyez-moi, partout où j’ai enseigné, les choix ont toujours été très partagés !
INTRODUCTION ET DÉROULEMENT DE L’INTRIGUE
Dans ces différents chapitres, nous allons étudier les différentes techniques qui permettent de « mal jouer » aux échecs. Et nous verrons qu’il existe bien des moyens afin d’y parvenir, bien des astuces, différentes manières, une liberté de choix et d’action qui permettent à chacun de faire beaucoup d’erreurs avec plus ou moins de rigueur, de maîtrise et d’efficacité, des erreurs de tailles diverses et des degrés de confusion à atteindre selon des niveaux bien variés.
Nous allons procéder pas à pas dans cet ouvrage, étape par étape, et distinguer les différentes phases de la partie qu’il est possible de manquer, de rater, de louper, de négliger, ou bien de massacrer, en tout cas dans lesquelles il sera possible de passer au travers. Nous verrons qu’à chaque stade de la partie, les erreurs à commettre sont légion, et que les imprécisions et les maladresses qu’il sera possible d’effectuer peuvent aussi démontrer l’extrême complexité du jeu d’échecs. Les commettre toutes en une seule partie relèverait de l’exploit.
LA DIFFÉRENCE AVEC LES AUTRES LIVRES
Et vous verrez peut-être, si vous comparez ce livre avec des ouvrages qui encouragent – eux – à bien jouer aux échecs, que très mal jouer aux échecs peut s’avérer également très compliqué, et cela augmentera ainsi de fait votre mérite.
Nous allons donc tout d’abord apprendre à mal jouer les ouvertures, c’est à dire à placer nos pièces aux mauvais endroits sur l’échiquier, à les faire se bloquer si possible, ou à les enfermer, et de manière encore plus générale, à les donner.
Nous allons apprendre à jouer au hasard dans un premier temps, voire moins bien qu’au hasard, en fermant les yeux, ou en cumulant erreurs de stratégies et de raisonnement. Un jour, un élève m’a demandé : « Est-ce que je joue moins bien en réfléchissant, ou bien sans réfléchir ? » Dans son cas, la réponse était simple, j’ai dit tout simplement : « C’est pareil ! » Mais pour tout un chacun, la réponse aurait pu être différente. Certains ont besoin de réfléchir pour essayer de bien jouer (sans y parvenir, il va sans dire), d’autres n’en ont pas besoin, c’est quelque chose de naturel.
Nous verrons qu’il existe bien des erreurs à commettre, bien des fautes à ne pas manquer, et qu’il y a toujours moyen de parfaire sa médiocrité aux échecs, tant ce jeu est inépuisable en terme de possibilités.
DOMINER N’EST PAS GAGNER
Je pense et je précise que le but de cet ouvrage n’est pas forcément de perdre aux échecs, mais de mal jouer, ce qui est différent. Car il est possible de mal jouer aux échecs et de gagner tout de même, même si c’est rare, puisque des matchs de haute volée se déroulent fréquemment, notamment sous les yeux médusés de spectateurs hagards et le regard interloqué de bien des accompagnateurs, qui voient pourtant l’un des deux joueurs crier « victoire, j’ai gagné ! », et dans ce cas, il va sans dire que la victoire est amplement méritée, et prometteuse. Car il est admis par tous les spécialistes du sport, que la marque des vrais et grands champions est de gagner leurs matches encore et toujours, même lorsqu’ils jouent moins bien.
On peut donc mal jouer et gagner (et ceux qui appliqueront mes principes et gagneront quand même auront toutes les chances de faire une grande carrière, parce qu’ils partiront de loin !), mal jouer et perdre (un peu plus fréquent), bien jouer et gagner (ce n’est pas du tout l’objet du livre, mais d’autres ouvrages y font référence), bien jouer et perdre (et oui, c’est dommage, mais ça arrive).
On peut aussi faire des matchs nuls, et tous les joueurs qui liront ce livre en feront tôt ou tard, c’est presque une fatalité.
Je crois et j’espère, c’est en tout cas un des objectifs premiers de ce livre, que lorsque tout le monde aura lu l’ensemble des chapitres, réussi la plupart des exercices et intégré tous les concepts, mal jouer aux échecs sera enfin devenu quelque chose de classique et à la portée de tout le monde, une qualité naturelle et appréciée à sa juste valeur, et nous verrons si gagner présentera toujours autant de difficulté pour tous ceux qui se seront entraînés dans l’optique, eux, de bien jouer. Ce n’est pas sûr, mais normalement, cela devrait les aider.
CERTAINS CONSEILS DÉJÀ EN APPLICATION ?
J’ai d’ailleurs constaté, et c’est sans doute une coïncidence, que la plupart de mes conseils étaient finalement écoutés par bien des joueurs déjà, et cela juste avant la sortie du livre, ce qui est – je trouve – de bonne augure avant la parution. Et vu les matchs récents auxquels j’ai assisté, bien des applications de mes recommandations semblent déjà être en œuvre un peu partout, mais il fallait je pense les écrire afin de les récapituler, et ancrer ce savoir-faire une fois pour toutes, lui qui appartient un peu au bien commun de l’humanité.
J’espère que ces joueurs se reconnaîtront avec un certain plaisir, car cet ouvrage leur est en quelque sorte destiné, s’il ne leur est dédié. Et qu’il leur fera encore gravir les échelons qui leur manquent, et leur fournira les quelques cordes à leur arc pour atteindre le résultat catastrophique qu’il leur est sûrement permis d’atteindre, s’ils s’en donnent la motivation et en ont la volonté. Et que leur style fera encore des émules parmi la large communauté des joueurs d’échecs, et demeurera une source d’inspiration dans le domaine.
QUI PEUT « MAL JOUER » AUX ÉCHECS ?
Eh bien, tout le monde. Oui, absolument tout le monde peut mal jouer aux échecs. Heureusement, ou malheureusement, le jeu d’échecs a cette particularité et cette qualité par rapport à toutes les disciplines, c’est qu’il est accessible à tous, et ne permet absolument pas de distinction entre les races, les religions, ni de discrimination d’âge ou de sexe, ni aucune autre d’ailleurs. On peut même jouer entre aveugles, ou avec des semi aveugles (que l’on appelle des borgnes). Alors bien sûr, grâce à cette égalité qu’il est un des seuls à permettre, et c’est heureux, et bien en théorie du moins, il est possible d’affirmer que tout le monde peut jouer, donc mal jouer aux échecs.
C’est d’ailleurs une règle immuable, un rituel, un quasi-sacerdoce. C’est un droit et une philosophie qu’acquièrent tous les joueurs après avoir appris les règles et atteint un certain stade, avec plus ou moins de réussite, bien sûr.
Il est possible de mal jouer aux échecs à différents niveaux, et il est même possible de ne pas savoir jouer aux échecs du tout, ce qui est encore pire. Et même le champion du monde peut mal jouer aux échecs, bien sûr, car nul n’est parfait ! (Et nous le verrons).
CHAPITRE 2 : POUR BIEN DÉMARRER
NE SOYEZ PAS MATÉRIALISTE…
Non, s’il vous plaît, ne le soyez pas. Ne prenez pas toutes les pièces si vous n’en avez pas besoin : jouez là « à l’Indienne », soyez écolo. Ne prélevez pas à la nature plus de bisons que ceux dont vous avez besoin. Concentrez-vous sur l’essentiel, et focalisez-vous sur le roi, « Ze King », qui est le but ultime à atteindre. Si jamais vous pouvez réaliser le casse du siècle, c’est-à-dire si vous arrivez à le capturer sans avoir touché à un seul cheveu de ses défenseurs, chacun vous applaudira, et vous n’en sortirez que grandi. Encore plus si vous avez sacrifié la dame pour y arriver.
Une seule chose, en revanche, tout simplement : ne dîtes pas, à présent que vous avez lu dans le paragraphe précédent le mot : « L’indienne », si l’idée vous en est venue ou vous a traversé l’esprit : « Qu’est-ce que vous nagez bien, chef ! », car cela serait de la pure provocation. Car il ne s’agit pas là seulement d’une référence au film d’auteur qu’est la 7ème Compagnie, mais d’un sujet sérieux, un sujet de société, vital. Vous le savez, en plus. Le gaspillage est un mal, un vilain défaut des temps modernes qui vous pousse à la consommation, à la surconsommation, et plus tard… A la guerre.
Même si elle est parfois nécessaire, et même s’il y en a tout le temps, réfléchissons un instant et évitons là une fois de plus, si nous le pouvons.
Alors ne vous précipitez pas sur tout ce qui bouge, et contentez-vous du strict nécessaire. Le jeu d’échecs est un jeu de gentlemen, qui rime avec gastronomie, et non avec fastfood. Bien sûr, vous pouvez encore vous faire plaisir, vous pouvez encore croquer ou consommer un pion ou deux, un peu de bois ou de plastique chimique ne vous feront pas de mal, heureusement, et là n’est pas la question. Mais désormais, lorsque vous mangez un pion, un simple pion, pensez aux conséquences, s’il vous plaît. L’activité (pas l’activisme, non plus !) est le maître mot, aux échecs.
OU SOYEZ-LE !
Oh, et puis zut, craquez ! Lâchez-vous ! Oubliez-vous, et suivez vos bas instincts, vos sentiments les plus primaires. Croyez-vous tout permis, croyez-vous au jeu de dames, confondez les deux jeux, à la limite, et sautez sur tout ce qui bouge. Soyez boulimique. Soyez sanguinaire, et cédez à la tentation, en tous les cas. Même si vous ne gagnez pas, cela vous fera du bien. Prenez tout.
Oscar Wilde vous le dirait : « Le seul moyen de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu’elle s’interdit. » Si vous ne connaissiez pas le second volet de la citation, nous non plus ! Nous sommes ici pour vous apprendre à mal jouer aux échecs, mais si nous pouvons aussi vous cultiver un peu, ce n’est pas plus mal ! Alors, retenez bien : « Oscar Wilde », je dirais même plus : « Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde », et non pas Céline Géraud, qui a elle animé « L’île de la tentation » ! :).
ENVOYEZ VOS PIONS À L’ABATTOIR – UN JEU DE MASSACRE
Il suffit de voir comment l’échiquier est disposé, au début, pour supposer que les pions ne sont finalement que de simples soldats prêts à servir de chair à saucisse, dans ce qui ne va forcément pas tarder à ressembler à une énorme boucherie sanguinaire.
Lorsque l’on sait que la règle stipule dès ses premières lignes que les pions ne reculent pas, on comprend immédiatement que notre intuition était malheureusement (pour eux) exacte, et qu’il n’y aura dès lors plus guère d’autre choix que de les sacrifier gratuitement, dans les conditions les plus dramatiques et les plus atroces qui soient (pour eux), puisqu’ils sont effectivement là pour ça.
Ce sera ensuite à vos pièces de les imiter et de les suivre dans leur agonie et ce combat perdu d’avance, lorsque la débandade des premiers assauts aura dépeuplé votre camp et décimé la quasi-totalité de vos forces vives, et que plus personne ne sera là pour vous défendre, ni pour vous abriter, et vous verrez qu’il est vain de rechercher sur un échiquier un quelconque buisson, un maigre arbuste, un solide rocher ou même un dernier brin d’herbe, et il faudra alors faire preuve de talent et d’ingéniosité pour tenter de survivre malgré tout, et préserver vos forces ou vous cacher dans ce tout petit carré, qui pourra vous sembler très vide lorsque seul votre roi y subsistera, que constitue cet échiquier vidé de votre armée.
CAVALIERS SUR LE CÔTÉ, CHARGEZ !
Aujourd’hui, tout le monde a tendance à dire qu’il faut se focaliser en priorité sur l’occupation, ou du moins sur le contrôle du centre de l’échiquier, et ceci dès les premiers coups de la partie, et le plus durablement possible. Cette théorie est évidemment digne d’intérêt, bien sûr, et d’une certaine manière, recevable.
Mais à force de trop répéter cette ritournelle, à la ressasser systématiquement et d’insister un peu trop ouvertement à mon goût sur ce genre de conseils un peu trop vague et pas toujours vérifié, en plus, je trouve qu’on assiste finalement à un discours unilatéral, assimilable dans le fond à une forme de système de pensée unique, ce qui n’est jamais bon, et présente toujours un éternel danger.
Mais sorti de cette considération subjective et néanmoins importante à prendre en compte, sur le plan strictement technique, il se trouve que beaucoup de joueurs et d’entraîneurs se trouvent pris au piège du discours qu’ils répètent inlassablement. En oublient-ils de réfléchir par eux-mêmes ? En tout cas, ils semblent négliger un aspect pourtant évident de la géométrie de l’échiquier, et une spécificité liée à la perception qu’en ont les joueurs de tous niveaux. Ils omettent ainsi une évidence qui se devait d’être signalée, une faille même, dont vous allez parfois profiter avec tact et opportunisme : si votre adversaire commet l’erreur de trop se focaliser sur le centre, et porte uniquement son regard vers le carré formé par les 4 cases centrales e4, e5, d5 et d4, vous pourrez alors le contrarier plus souvent et plus désagréablement qu’il ne s’y attend, à plus d’un titre, et plus souvent qu’à son tour. Vous pourrez effectivement en profiter pour placer occasionnellement un cavalier sur la bande, astucieusement, pour ne pas dire subtilement, pour la simple et bonne raison qu’ici placé, il aura ainsi beaucoup plus de chance d’échapper à son champ de vision.
Il aura alors beaucoup plus de chances de pouvoir s’approcher du point critique et décisif de la position, sans avoir jamais été repéré, et d’arriver avec fracas dans la position ennemie, à l’endroit précis et au moment décisif que vous aurez justement choisi pour faire basculer la partie. Si la messe est dite, les « vilaine bête » de votre adversaire n’y pourront rien changer, votre fidèle destrier, le meilleur ami de l’homme (et du joueur de blitz) aura bien eu raison de suivre la voie du contre-pied aux normes et aux conventions établies et unanimement prêchées.
Deuxièmement, du fait du champ de vision bien particulier à cet animal, vous l’aiderez à faire face à tout l’échiquier, dans son ensemble, si vous le placez à l’abri sur un bord, alors que si vous le laissez exister passivement au centre de l’échiquier alors que la bataille fait rage, devant se méfier de tout ce qui se passe autour de lui et au plus proche de la mêlée, vous risquez de le faire stresser inutilement, ce qui est on le sait mauvais pour la viande, et qu’un coup de sabot se retourne contre vous malencontreusement au moment où vous aurez justement besoin de votre liberté d’action.
Astuce : afin de détourner l’attention de l’adversaire au maximum et lui faire baisser sa garde le plus possible, orientez le regard du cavalier vers l’extérieur de l’échiquier, « pour qu’il fasse style j’ai l’air de rien ». Vous augmenterez encore le potentiel de destruction de votre destrier lorsqu’il passera à l’attaque, faisant oublier les millions d’années durant lesquelles ses ancêtres se comportaient comme de paisibles herbivores.
POUR VOUS EN RAPPELER
Pour finir avec le cavalier, un moyen mnémotechnique pour vous en rappeler : « Cavalier au bord, Timor ». En effet, le Timor est une île de l’archipel indonésien, dans l’est des petites îles de la Sonde. C’est une région magnifique, touristique et prospère, ce qui confirme encore une fois qu’au bord de l’échiquier, vos cavaliers se sentiront tout à leur aise.
TROUVEZ UNE PLACE POUR VOS FOUS
Les fous sont toujours gênants, ceci est vrai dans la vie comme sur l’échiquier. Vous allez vous en apercevoir très vite, ou peut-être même l’avez-vous déjà remarqué si vous jouez déjà aux échecs. Vous vous êtes peut-être déjà posé l’épineuse question de savoir comment vous allez pouvoir les développer, cette fâcheuse tendance à vous encombrer si vous ne le sortez pas assez loin, et à se faire attaquer, voire enfermer si vous les envoyez trop loin, disons-le, les fous sont un souci constant, permanent, et pour tout le monde.
Dont il vaut sans doute mieux, pour cette raison connue et reconnue, se priver (si c’est une privation), en tout cas se passer, et cela le plus tôt possible.
Mon conseil sera donc d’échanger les fous dès que vous le pouvez, à la première occasion, contre un cavalier qui est sensiblement d’égale valeur, ou contre la première chose que vous rencontrerez (même un pion). Ou au pire, de les donner. Au final, vous y gagnerez, car le plus vite vous en serez débarrassés, le mieux vous vous porterez. Vous constaterez par expérience et par définition que c’est effectivement la pièce numéro un de votre camp, la plus nuisible, celle à supprimer.
Avec une tare bien connue (disons-le, car ce n’est pas un secret), qui leur est propre, qui ne leur permet pas de se déplacer partout et de n’évoluer que sur une seule couleur de l’échiquier, les fous font souvent peine à voir. Il va sans dire qu’il en est de même pour celui qui les dirige, même s’il ne faut pas se moquer. Et comme il est de plus en plus difficile de s’en débarrasser au cours de la partie (c’est qu’on s’y attache !), on risque en permanence le drame, comme la finale de fous, ou pire encore. Mais chut : n’en parlons pas.
Back to Bedlam !
LA FIN DU MONDE, MES FRÈRES, LA FIN DU MONDE…
Vous voyez ce que je veux dire ? Parce qu’il y a des choses qu’on veut éviter dans la vie, qu’il faut éviter. A tout prix. Même si tout n’est pas rose, tout n’est pas parfait, même s’il y a toujours des aléas, forcément du pour et du contre, de la joie et de la tristesse, parfois, la vie peut prendre une tournure inattendue, inadaptée, désagréable, à un tel point que c’en est immérité, même pour celui que vous pensez être votre pire ennemi. Et là, les mots, les larmes n’y pourront rien changer : le malheur, le mal et la misère auront frappé. Et oui, car là, si vous en passez par-là, à ce moment-là, on pourra dire que c’est le drame. La scoumoune, la tristesse, la fatalité seront face à nous, pauvres hommes… C’est le genre d’extrémités qu’il faudrait éviter, qu’il faut éviter, à tout prix. Même si ça arrive parfois au joueur insouciant ou désinvolte, au malchanceux qui vivait encore dans la naïveté ou dans l’ignorance, ça fait partie de la vie, comme on dit… Ah, cette chienne de vie. Tout ce dont on se croyait à l’abri, ou réservé aux autres, le voici surgir devant nous, au moment le plus inattendu, le plus inopportun. Mais y a-t-il un moment adapté pour tomber sur une telle chose ? Y a-t-il un moment pour affronter une telle finale, je veux dire, sur une finale de fous de couleurs opposés ? Non. Que nenni. Aucun moment il n’y a. C’en est même trop dur d’en parler. Alors si cela peut vous consoler, ce n’est certes pas grand chose, mais nous sommes désolés, mais alors désolés pour vous, vraiment. Nous vous souhaitons nos plus sincères condoléances, sommes de tout coeur avec vous. Mais vous auriez dû nous écouter, aussi. Pourquoi faut-il ignorer nos conseils les plus élémentaires ? Pour en arriver là ? Vous voyez où ça vous mène ?
« Mon conseil sera donc d’échanger les fous dès que vous le pouvez, à la première occasion, contre un cavalier qui est sensiblement d’égale valeur, ou contre la première chose que vous rencontrerez (même un pion). Ou au pire, de les donner. Au final, vous y gagnerez, car le plus vite vous en serez débarrassés, le mieux vous vous porterez. Vous constaterez par expérience et par définition que c’est effectivement la pièce numéro un de votre camp, la plus nuisible, celle à supprimer. »
Euh… quelque chose n’était pas clair ?
Bon, finalement, c’est bien fait !
Enfin, malgré la dureté de l’épreuve, soyez courageux, ne vous laissez pas abattre, et appliquez la procédure adéquate. Concluez immédiatement à la nulle. Appelez l’arbitre, parlez avec votre adversaire, sortez votre chéquier, une arme, faites tout ce que vous voulez, mais trouvez un moyen pour que cesse ce calvaire, je dis ça par vous, il ne faut pas insister dans cette voie, car les choses n’iront pas mieux avec le temps, au contraire, elles ne feront qu’empirer ! J’espère tout de même que ce paragraphe, à défaut de vous avoir fait pleurer, vous aura servi de leçon pour l’avenir, et que plus jamais vous ne risquerez une telle situation, vous voilà vraiment informé et logiquement vacciné contre l’idée de rencontrer dans une partie une finale de fous de couleurs opposés… Ne dites pas merci, mais sincèrement, prenez soin de vous !
NE VOUS LAISSEZ PAS ABUSER
Et si vous croyez qu’ils iront mieux par paire, vous êtes bien naïf. Vous vous mettez le doigt dans l’oeil, mais d’une force… Non seulement vous faîtes fausse route, mais ça se voit que vous ne les connaissez pas. A part se soutenir l’un l’autre et se renforcer mutuellement dans leurs travers, je ne vois pas bien ce qu’on peut tirer d’eux. Ils sont presque irrécupérables… Ils ne feront au mieux qu’amuser la galerie, mais jamais vous n’obtiendrez quoi que ce soit, ni de bon résultat en misant sur ce genre de bougres.
C’EST IMPORTANT, LA QUALITÉ
Et vous savez comment mater avec deux fous contre un roi seul ? Ok, ça se fait, mais c’est compliqué, non ? C’est long, c’est un micmac, ça se tourne autour… et à la fin, on peut toujours finir par se tromper. Alors que vous prenez une seule tour, c’est droit, c’est propre, c’est carré… C’est clair ! C’est une tour, quoi. C’est pas comme ces deux « bougres ». Allez, détruisez les. Vite !
PETIT BONUS
Un petit bonus, pour les coaches : Si vous donnez des cours à des débutants, vous pouvez leur faire faire cet exercice : placez un seul fou par camp, sur des cases de couleur opposée (pas de roi), et donnez comme consigne d’être le premier à prendre son fou à l’adversaire. Et bien sûr, le premier qui y arrive le crie haut et fort… A l’impossible nul n’est tenu ! Eh bien, croyez-le ou non, mais certains y arrivent. Le talent, je vous dis…
SORTEZ LES TOURS EN PREMIER
Activez vos tours en priorité / Trouvez le bon créneau.
Bien sûr, les tours sont parmi les pièces les plus puissantes de votre arsenal, et on leur attribue communément une valeur fictive de 5 points. Avec un tel symbole, 5 étant la moitié de 10 (fallait-il le préciser), il paraît logique de les faire participer au combat en priorité.
Les tours sont donc les plus puissantes, mais aussi les moins mobiles, les moins agiles, et les plus prévisibles. Cependant, vous êtes libre de croire qu’elles pourront faire mouche d’emblée. Activez les dès début et faîtes les passer le plus vite possible devant vos pions pour bloquer votre développement, jouez les plusieurs fois d’affilée, et placez-les de préférence face à un pion adverse défendu à de multiples reprises, afin que sa menace soit dérisoire. Si vous n’arrivez pas à vous les faire prendre malgré tous ces conseils, vous permettrez au moins à l’adversaire de sortir toutes ses pièces beaucoup plus rapidement, et vous empêcherez toutes les vôtres de sortir et de jouer normalement. Quel bon conseil, non ?
JOUEZ PLUSIEURS FOIS LA MÊME PIÈCE
Bien que le champ d’action de l’expression de vos pièces soit un échiquier et non un théâtre, vous pouvez jouer plusieurs fois la même pièce. Lorsque vous avez posé le regard sur une pièce, lorsque vous avez décidé de lui faire tenter sa chance personnellement et goûter à l’aventure, lorsqu’elle bénéficie de la chance unique d’enfin quitter son nid et de pouvoir sortir librement pour déployer ses ailes, visiter, voir du pays et pouvoir enfin évoluer sur l’échiquier qui se découvre, la moindre des choses est de la faire profiter de l’occasion et d’aller se promener, butiner, se poser sur plusieurs cases différentes, en attendant sa décision.
Après avoir visité plusieurs cases successive (3 ou 4 cases en moyenne), elle pourra vous faire part de son ressenti, et vous dire où elle se sent mieux. Vous pourrez alors la rejouer une nouvelle fois pour l’y replacer, définitivement cette fois, en espérant que l’endroit ne soit pas devenu périlleux depuis, mais c’est un risque à prendre et le prix à payer pour que vos pièces se sentent mieux et qu’elles vous sachent à leur écoute. Elles se sentiront accompagnées et choyées, et vous donneront beaucoup plus de satisfaction si vous prenez soin d’elles, et vous vous en occupez dignement, une à une.
CHAPITRE 3 : LE RAISONNEMENT
Le raisonnement propre au jeu d’échecs est indispensable pour orienter la réflexion d’un joueur, et donc pour lui permettre d’améliorer ses anticipations.
A partir de là, faire des erreurs de raisonnement est un des moyens les plus sûrs qui vous assurera le résultat de mal jouer aux échecs. Au même titre que les erreurs d’étourderie et de calcul, mais d’autant plus que les erreurs de raisonnement ne sont souvent pas ponctuelles, et permettent d’annihiler n’importe quelles observations justes.
SURTOUT, NE PRÉVOYEZ RIEN !
On entend régulièrement parler de la question du nombre de coups à l’avance qu’un « bon joueur d’échecs » est censé calculer, comme si ce nombre existait. Donc à l’inverse, par conséquence, on peut penser que ce nombre de coups est celui que le « mauvais » est censé éviter de son côté, pour éviter de l’imiter, et de lui ressembler. En fait, ce nombre n’existe pas non plus, ou du moins il varie pendant la partie, puisqu’évidemment, cela dépend de la position.
Pour ne pas tomber juste, ne serait-ce qu’une fois dans la partie. En vérité, ce nombre est d’autant plus difficile à cerner qu’il varie selon chaque circonstance, la situation, et pour chaque position donnée. A tel point qu’on explique assez souvent que pour cette raison, même pour un bon joueur, ce nombre n’existe simplement pas, ou tout du moins n’est pas immuable.
Pour cette raison, pour être sûr de ne pas tomber sur ce nombre de coups (le nombre de coups que le bon joueur va calculer), de ne jamais tomber dessus et l’éviter quoiqu’il arrive, puisqu’il varie, surtout, ne prévoyez rien. Ne prévoyez aucun coup, jouez juste le vôtre, il faut partir du principe que par définition, l’adversaire peut jouer ce qu’il veut, donc qu’il le jouera de toute manière, et vous réfléchirez ensuite à la conduite à adopter. Il pourra forcément vous déstabiliser tôt ou tard, de toute façon, et ça ne sert absolument à rien d’essayer d’anticiper quelque chose, surtout aux échecs.
Et puis, qui n’aime pas les surprises ?
LE PLUS IMPORTANT, C’EST LA CHANCE !
Aux échecs, il ne sert à rien de réfléchir, la plupart des joueurs le savent, ou en tout cas adhèrent à ce concept lorsqu’ils se trouvent au-devant de l’échiquier. Et il va sans dire qu’ils ont raison, il n’y a qu’à voir à chaque tournoi disputé des joueurs que l’on pense très forts réfléchir pendant des heures, sur une partie qui leur tient à coeur, pour finalement perdre. S’ils avaient intégré le bon raisonnement d’emblée et compté sur la chance, le résultat aurait certainement été différent.
Peut-être avez-vous entendu parler de l’histoire du singe, qui pourrait jouer un morceau de musique classique au piano, en tapant successivement des notes aléatoirement sur le clavier, sans en connaître la musique au préalable.
Eh bien, aux échecs, c’est exactement pareil. A chaque coup, il y a une possibilité pour que le dernier des imbéciles joue à chaque fois le meilleur coup, et s’il joue contre le champion du monde qui lui fait fatalement des erreurs, même minimes, il peut gagner. A partir de là, il devient évident que l’existence de la chance joue un rôle primordial dans une partie d’échecs, et plus particulièrement au haut niveau.
LE HASARD PEUT-IL REMPLACER LA CHANCE ?
Le hasard ne peut pas remplacer la chance, du moins pas complètement. Un jour, un coach ami m’a soufflé : « Les échecs, c’est 50% de hasard, et 50% de chance ». Et il s’y connaît, puisqu’il est coach, et donc ami. Et d’une certaine manière, cela peut paraître étonnant, mais c’est pourtant vrai. Je suis quand même allé vérifier cela sur un grand nombre de parties (perfectionniste), et en fait, du moins en termes de statistiques, j’ai pu constater que c’était effectivement très souvent le cas. Mais parfois, en de rares exceptions, j’ai pu voir que c’était aussi l’inverse.
N’ÉCOUTEZ QUE LES MAUVAIS CONSEILS
Naturellement, tous les conseils ne se valent pas, certains peuvent vous faire mal jouer, d’autres très mal jouer, mais faites toujours attention, car on peut aussi vous donner de bons conseils. Faites bien la distinction dès le départ à ce sujet, et rejetez en bloc et naturellement les idées qui vous détourneraient de l’objectif du livre. Focalisez-vous sur votre but une fois pour toute, et soyez lucide sur l’évidence et le fait que si vous écoutiez tout le monde, votre style en serait forcément contrarié.
Après chaque explication, que ce soit le cas ou non, et parfois pour certains cela ne fait jamais une grande différence, dites bien surtout que vous avez toujours tout compris.
Mais soyez vigilant et restez ferme, et ne jouez pas ce que vous a dit quelqu’un qui souhaite vous faire progresser, juste « pour lui faire plaisir ».
Et dîtes-vous bien qu’on n’est jamais à l’abri d’un bon coup.
L’IMPORTANCE D’ÊTRE CONSTANT
Essayez de mal jouer toute la partie, plutôt que de limiter vos erreurs à un seul coup, à une grosse gaffe irrémédiable, même si elle vous garantit la défaite. C’est certes le genre de choses qui arrive fréquemment, et la manière la plus utilisée des joueurs qui cherchent à bien jouer mais cependant perdent, mais ce genre de choses laisse des regrets.
Il vaut mieux mal démarrer dès le début, avoir une position sans perspective ou avec beaucoup de retard de développement, des pièces très mal placées et laisser l’adversaire mettre les siennes où il veut, puis tout vous prendre et ne lui opposer aucune résistance.
De cette manière, avec un jeu aussi homogène et huilé, vous serez – et vous arriverez plus vite sur les dernières tables des tournois, et vous y rencontrerez plus rapidement des joueurs qui imiteront en fait pâlement votre style. Vous pourrez toujours aussi mal jouer face à eux si vous le décidez, mais en tout cas, vous aurez de plus en plus de mal à perdre.
CONFONDEZ LE ROI ET LA DAME
CAS NUMÉRO 1 :
Vous avez envie d’attaquer, de vous lancer, vous voyez une grosse ouverture dans le camp adverse, et vous voulez y envoyer votre dame. Vous la prenez volontairement en main, et vous constatez alors que vous y tenez en fait votre roi, comme pris en otage : Excellent ! Vous abandonnez votre idée avec déception, et vous êtes obligé à présent de bouger ce monarque que vous avez dérangé à mauvais escient, d’une seule case, ce qui lui interdira définitivement de roquer.
N’importe quoi.
EXEMPLE NUMÉRO 2 :
Vous avez et vous voyez de la place entre la tour et vos deux pièces centrales, c’est le moment : Vous mettez la dame à côté de la tour, et vous vous rendez compte trop tard que vous n’êtes pas du tout en train de roquer, mais de jouer un coup de dame complètement inutile et stérile, absolument contre-productif, en la mettant derrière 3 pions en milieu de jeu. Là encore, vous utilisez au mieux l’éventail des idées et des subterfuges pour mal jouer aux échecs. Continuez, vous êtes sur la bonne voie.
Bravo, c’est mal joué !
MONTEZ LE ROI À LA VOLÉE
Après tout, c’est facile d’envoyer toute son armée et toute sa population au casse-pipe, non ? Peut-être vous étiez vous vous aussi fait cette remarque, en aparté. Et entre nous, vous avez un peu raison. Et savez-vous qui a inventé les règles ? Non ? Et bien, si vous voulez mon avis, il y a peut-être des raisons. Celui là a surement de bonnes raisons de rester caché, et à mon avis, il s’agit vraisemblablement d’un planqué. Au minimum.
On dit parfois que le roi est la pièce la plus importante (et tout ça, tout ça, et bla, bla, bla), il serait donc inconscient, voire suicidaire, d’envoyer son roi à l’action dès le début de la partie.
Mais pourquoi ???
A mon avis, cela est une aberration. Tout le monde doit mettre sa main à la pâte de nos jours. C’est une question de savoir-vivre. Le roi, même s’il est moins à l’aise que la dame pour certaines tâches, peut quand même donner un coup de main lorsque cela lui est possible. La Dame a déjà beaucoup de boulot. Attaquer, défendre… Nous sommes arrivés au XXIème siècle, non ? Et puis, au centre de l’échiquier, il a un statut intéressant, une vue d’ensemble. Il peut surveiller les opérations et encourager ses troupes. Etre un leader, ça n’est pas donné à tout le monde !
Et puis, gardons les règles à l’esprit : il est interdit de prendre le roi. A partir de là, profitons-en !
Comment cela se passe-t-il dans les autres sports ? Au tennis, cela dépend un peu de la surface. Sur terre battue (Roland Garros, Monte Carlo, Barcelon), c’est vrai qu’il est déconseillé de monter à la volée, c’est trop facile de se faire passer, car la surface est lente et les balles y sont ralenties. Mais sur surface dure ou sur gazon (Wimbledon, US Open), il n’y a aucune contre-indication à cela, bien au contraire, ce sont souvent les attaquants qui triomphent.
Alors, comme toujours, prenez exemple sur les champions des sports les mieux rémunérés. Montez votre roi à la volée (sauf si vous jouez sur terre battue). Comme plus aucun tournoi d’échecs ne se déroule sur cette surface de nos jours, appliquez ce conseil en toute circonstance, vous ne craignez rien, et vous ne serez jamais déçu. Et au centre, le roi a toujours plus de cases accessibles que sur le côté, et que dans un coin. Il est beaucoup plus difficile, voire impossible de l’enfermer. Mais enfin, c’est une évidence, non ?
« LES PIONS SONT L’ÂME DU COLLÈGE. »
Oui je sais, cela n’a rien à voir, mais je tenais à le dire. C’est pour moi, ça me fait plaisir. Vous leur direz ?
CONSEILS PENDANT LA PARTIE
PENSEZ À CE QUE VOUS ALLEZ MANGER CE SOIR
Toutes les idées qui n’ont aucun rapport avec le jeu sont bonnes à prendre. Soyez distrait et dispersez-vous dans votre réflexion, que vous n’essayez d’ailleurs même pas d’avoir sur le moment.
Ayez simplement comme regret que vous ne pouvez pas poser la question à votre adversaire sur le moment, mais préparez-vous psychologiquement à commettre une erreur de plus pour écourter la partie encore plus vite, et de vous mettre dans les meilleures conditions pour le reste de la soirée, qui va arriver vite.
LE PAT
Si par hasard (je dis bien « par hasard »), vous avez pris nettement le dessus sur votre adversaire, tout espoir n’est pas forcément perdu ! Il vous reste une chance de compromettre tout cela en ratant un mat évident, en faisant trop de dames éventuellement, et au final, en faisant pat. Cette règle salvatrice peut vous éviter une victoire trop simple (donc imméritée), et vous assurer une réputation durable parmi vos pairs.
CHAPITRE 4 : UN EXEMPLE, PERSÉVÉREZ !
Normalement, c’est bien parti.
Dans cet exemple, vous pouvez faire mat de 5 manières différentes, et si vous ne les voyez pas même en réfléchissant un peu, c’est bien et c’est encourageant, signe que la lecture du livre est en train de porter ses fruits. Comme vous le voyez, l’adversaire n’a plus que son roi à bouger, il n’a donc plus aucune chance de gagner quoi qu’il arrive, et vous auriez normalement l’embarras du choix pour conclure à votre avantage. Dame a8, Dame b8, Dame ç8, Dame g7 ou Dame h7, et ce serait gagné !
Mais vous pouvez mettre un terme immédiatement la partie en faisant encore mieux, et lui offrir le match nul sur un plateau, en un coup, en faisant pat, soit en jouant Dame f7.
Vous le forcez alors au partage des points, et vous obtenez le plus mauvais résultat possible grâce à ce coup désastreux, qui ne présentait aucun avantage particulier à l’origine.
Bingo !
Vous provoquez alors le sourire et la liesse chez votre adversaire et parmi les observateurs de la partie, et plus encore, chez les personnes qui vont entendre parler de cette trouvaille pendant quelques jours, et en rire. Et précisément, est ce qu’une bonne ambiance, la détente et la bonne humeur ne sont pas l’objectif principal, lorsque l’on joue à un jeu comme le jeu d’échecs ?
TOMBEZ DANS LE PANNEAU !
Bien sûr, vos adversaires vous redoutent, et doivent user de beaucoup d’énergie pour mener leur réflexion à bien s’ils veulent venir à bout de votre roi, et trouver des stratagèmes élaborés. Parfois, ils vous tendront des pièges, et vous inviteront à vous mettre dans une fâcheuse posture si vous les acceptez.
Ce n’est pas une obligation, mais vous pouvez les accepter. Souvent, les joueurs oublient qu’ils viennent de tendre un piège et abandonnent dès qu’ils viennent de perdre du matériel, ou cessent de se battre.
MAIS N’ACCEPTEZ PAS LES CADEAUX !
N’acceptez pas les cadeaux : n’acceptez que les pièges ! Et faîtes très attention, car la nuance est souvent fine, et sous leurs airs de pièges, certains coups joués par vos adversaires s’avéreront être des cadeaux. Et il serait malvenu d’accepter un cadeau de la part d’un adversaire !
Si vous hésitez et si vous ne savez pas forcément faire la différence entre un cadeau et un piège, parce que vous n’arrivez pas à prévoir grand-chose, voici une piste qui pourrait vous aider : jugez au faciès ! Evidemment c’est ridicule, mais c’est juste une piste, n’en attendez pas trop ! Regardez votre adversaire, et en fonction de s’il sourit ou s’il fait mine d’être inquiet, vous pourrez alors élaborer un raisonnement. Qui ne tiendra pas debout et ne vous dira rien sur l’existence ou non du piège tendu, mais qui pourrait vous sembler valide et vous faire prendre une décision, même si elle est sans fondement, et même si ce n’est pas la bonne. Mais il faut savoir se décider !
Dans les deux cas, sachez tout de même que l’acceptation d’un piège est à priori déconseillée, mais qu’entre les deux idées, accepter un piège s’avère plus courageux que d’accepter un cadeau. Lors de l’analyse de partie, (moment convivial où les deux joueurs reconstituent la partie en se racontant ce qu’ils avaient prévu…), comme pour les sacrifices mal préparés, justifiez toujours vos choix en expliquant que vous avez volontairement accepté le piège, que c’est votre façon de jouer, et rajoutez que vous avez aussi eu la politesse de faire vous, de votre côté, plusieurs cadeaux. Votre adversaire saura alors vous respecter.
LES CADEAUX EMPOISONNÉS
Vous vous en doutez, la plupart des cadeaux n’en sont pas. La plupart du temps, chez les bons joueurs, ce sont des pièges. Enfin, cela dépend aussi du niveau de votre adversaire, si l’adversaire est tout nul, cela peut aussi être un cadeau, mais pour simplifier, disons que ce sont le plus souvent des pièges.
Peut-être avez-vous déjà accepté des cadeaux empoisonnés, et si c’est le cas, j’espère que vous vous en êtes remis, mais si vous n’avez pas eu cette chance, il y a fort à parier pour que vous soyez tombés sur des monchéris. C’est un des cadeaux/pièges préférés parmi les joueurs d’échecs lorsqu’arrivent les fêtes et qu’ils se remettent entre eux, ou bien que l’on offre à une forte joueuse venue en démonstration faire une simultanée dans une grande ville.
ATTENTION AUX PIONS EMPOISONNÉS !
Sur le même thème que le refus des cadeaux, sachez que la plupart des cadeaux sont empoisonnés. Ce qui est de bonne guerre, avouez le, car si vous le pouviez, vous feriez pareil ! En particulier le pion b2, Bobby Fischer vous le dirait, qui n’est pas si mauvais en soi, mais qui donne à tous ceux qui veulent planifier sa capture et s’en tirer à bon compte avec un avantage d’un pion, de curieux maux de tête.
ON NE PEUT PAS SAUVER TOUT LE MONDE !
Vous le savez déjà si vous vous êtes déjà entraîné dans un club d’échecs, on ne peut pas gagner contre un bon joueur sans sacrifier pas mal de pions et quelques pièces. Et il se dit aussi que lorsque presque tous les joueurs vérifient soigneusement, scrupuleusement la valeur des pièces en jeu sur l’échiquier, à chaque coup, les meilleurs joueurs savent aller au-delà de cet indice et faire abstraction du matériel pour mater leur adversaire même en sous-nombre, ce qui leur semble assez normal.
A partir de là, considérez avec raison que le matériel est secondaire, et sacrifiez toutes les pièces que vous voulez, ne vous inquiétez pas pour elles, elles ne souffrent pas. Vous verrez plus tard s’il vous reste une chance de mater avec une ou deux d’entre elles, et si ce n’est pas la cas, n’ayez pas de remord, puisqu’un sacrifice n’est jamais vain. Mais au contraire, une tentative pour tenter de l’emporter avec audace.
Un sacrifice est quelque chose d’osé, et difficile à prévoir. Lorsque vous tentez un sacrifice, volontaire ou non, vous surprendrez forcément. Lors de l’analyse, expliquez toujours que vous aviez pensé à la suite quoi qu’il arrive. Vous impressionnerez toujours votre adversaire ainsi, et même en cas de défaite, il sera toujours intrigué d’avoir gagné contre un adversaire aussi talentueux, alors qu’il pensait avoir bénéficié de cadeaux. Semer le doute chez son adversaire, lui faire perdre ses repères et abandonner ses certitudes et faire naître la perplexité chez lui, c’est aussi cela qui vous permettra de prendre le dessus plus tard et de justifier cette assurance, une fois que vous saurez faire la distinction entre un sacrifice valide et une perte sèche.
LA POIGNÉE DE MAIN
JOUEZ MAL, MAIS RESTEZ FAIR-PLAY !
Evidemment, est-il besoin de dire, le fair-play et la correction sont deux choses qui font partie intégrante et sont absolument impératives au jeu d’échecs, et à son système de valeurs bien définies et bien léchées.
Bien sûr, on ne refusera jamais une main tendue par l’adversaire, ni avant, ni surtout après la partie, que l’on gagne ou que l’on perde. Simplement, on peut la serrer plus ou moins fort. C’est de bonne guerre, et les échecs restent un sport.
ET SI C’EST UNE FILLE ?
Evidemment, nous avons déjà précisé qu’il n’y avait aucune discrimination aux échecs, donc à fortiori encore moins de sexisme (même si les filles sont moins fortes). Les mêmes règles de respect et de fair-play s’imposent donc évidemment dans tous les cas, et avec tous les adversaires, y compris donc, avec les femmes. Je dirais même plus, « et d’autant plus » avec les femmes, puisqu’une femme a à priori moins de force dans la main, et vous avez donc plus de chance d’avoir le dessus à la fin de la partie, disons « au cas où ».
Remarque : Il y a une catégorie, aux échecs, réservée aux femmes et une catégorie où les hommes et les femmes peuvent participer ensemble, dite catégorie mixte. Les joueuses qui choisissent courageusement la catégorie mixte, plus rares, consacrent sans doute une partie de leur temps à s’entraîner à la poignée de main, qui conclut toujours une partie d’échecs… Ceci explique-t-il en partie certains de leurs résultats ?
« CELUI QUI PREND DES RISQUES PEUT PERDRE, CELUI QUI EN PREND TROP PERD TOUT LE TEMPS. »
Cette citation célèbre aux échecs, ou qui ressemble à une citation célèbre, nous donne des indications importantes sur deux manières différentes de mal jouer aux échecs.
La première est donc précisément de jouer passivement, le plus passivement du monde, de ne rien faire, et d’attendre que l’adversaire sorte tous ses atouts et vienne nous mater. Nous mater facilement, d’une manière ridicule, peut-être, pour ne pas dire « comme une crotte ». (expression échiquéenne). Cette option est évidemment intéressante, et pratiquée par bon nombre d’amateurs qui privilégient la prudence.
La seconde est de partir à l’abordage sans son couteau suisse et sans son portable, ou sans son maquillage si on est une fille, et de se jeter tête baissée dans un précipice plus grand que les abysses.
Mais la seconde solution est la plus sûre pour arriver à vos fins, puisque prendre des risques peut vous faire perdre, mais ce n’est pas sûr. Tandis que prendre trop de risques vous garantit le résultat, quoiqu’il arrive. Et on ne se prive pas, de nos jours, de la sécurité. Y compris de celle du résultat.
ROQUEZ CÔTÉ CIMETIÈRE, OU NE ROQUEZ PAS
Souvent, le roque est une perte de temps. Et pourquoi choisir un côté dès le début, d’ailleurs ? Car une fois le roque effectué, l’adversaire sait où vous attaquer. Vous avez l’air malin. En ne roquant pas, vous ne lui donnez aucune indication, ce qui est la moindre des choses. Encore plus efficace que les lunettes de soleil, et la fameuse pokerface !
Les pions sont faits pour être avancés, avancez les. Il sera toujours temps de roquer lorsqu’il sera trop tard. Vous le savez, rien n’est jamais perdu. Et si jamais vos pions ne sont plus ici à ce moment là, ce sera toujours un mal pour un bien, car alors vous ne craindrez plus le mat du couloir, ce qui n’est pas rien. Le roque « côté cimetière » est un coup élégant, ambitieux et imprévisible. Il permet de donner un tournant à la partie (pas toujours à votre avantage, certes), mais il peut surprendre. C’est un coup élégant, romantique, donc remarquable d’une certaine manière. A posséder dans sa panoplie.
SACRIFIEZ, SACRIFIEZ, IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE !
N’ayez pas peur de penser à faire, ni d’effectuer des sacrifices hasardeux, car s’il existe bel et bien, vous savez sans doute qu’il n’y a pas vraiment de place pour le hasard aux échecs. Votre adversaire peut se trouver déstabilisé, s’il est fragile psychologiquement, et perdre ses moyens. Selon la formule « Qui ne tente rien n’a rien », tentez ! Et si vous perdez, recommencez ! La chance sourit aux audacieux.
JOUEZ PASSIF !
Passif est un gros bourrin, qui n’a encore jamais gagné une course, mais qui rapporte plus de 50 contre un. Alors si vous voulez faire une belle opération, n’hésitez pas, et jouez Passif ! Il court dans la troisième, tous les jeudis et tous les lundis soir. Une valeur sûre, vindiou ! Et n’oubliez pas que 100% des gagnants ont tenté leur chance.
JOUEZ DE LA MAIN GAUCHE
Non, c’est une blague. Jouer de la main droite ou de la main gauche ne change pas radicalement votre jeu. C’est votre esprit, votre cerveau qui doit guider vos pions, pas l’inverse. Si vous pensiez que jouer de la main la gauche allait améliorer votre réflexion, vous êtes mal barrés…
CHAPITRE 5 : LES ERREURS COMMISES PAR LES GRANDS CHAMPIONS !
ET MAINTENANT, LA PREUVE PAR L’EXEMPLE
Voici quelques exemples pratiques :
Afin de vous confronter à la dure réalité du jeu d’échecs, voici quelques exemples de parties réalisées par des joueurs expérimentés. Nous prendrons de préférence des parties de champions du monde, pour leur donner plus de résonance. Bien sûr, nous aurions pu prendre des exemples de joueurs beaucoup plus ciblés et beaucoup plus méritants, mais cela aurait plus long, et il aurait été délicat de choisir un joueur plutôt qu’un autre. Nous ne pouvions pas tous vous départager.
KASPAROV
Voici la partie la plus courte de Kasparov :
Deeper Blue (ordinateur de poche) – Kasparov
6° partie, 11 mai 1997
Caro Kann
1.e4 c6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4 4.Cxe4 Cd7 5.Cg5 Cgf6 6.Fd3 e67.C1f3 h6 8.Cxe6 De7 9.O-O fxe6 10.Fg6+ Rd8 11.Ff4 b5 12.a4 Fb7 13.Te1 Cd5 14.Fg3 Rc8 15.axb5 cxb5 16.Dd3 Fc617.Ff5 exf5 18.Txe7 Fxe7 19.c4 1-0
Et vous, tiendrez-vous plus de 20 coups contre Wii Chess ??
KASPAROV
Alexander Huzman – Garry Kasparov :
Dans cette partie, Garry Kasparov affronte Alexander Huzman. Nous sommes en 2003, à la coupe d’europe des clubs. Il vient de gagner une belle partie contre Grishuk, son adversaire est classé 2574, lui 2830. Nous sommes au 20ème coup. La partie s’est déroulée normalement, voici les premiers coups :
1. Cf3 d5 2. d4 Cf6 3. c4 c6 4. Cc3 e6 5. e3 a6 6. b3 BFb4 7. Fd2 O-O 8. Fd3 Cbd7 9. Dc2 Fd6 10. Ce2 c5 11. O-O b6 12. cxd5 exd5 13. Cg3 Fb7 14. Cf5 Fc7 15. dxc5 bxc5 16. b4 c4 17. Fe2 Ce4 18. Fc3 Cxc3 19. Dxc3 Cf6 20. Tfd1
Dans cette position, Kasparov va jouer Fç8. C’est mal joué, n’est-ce pas ? Il va attaquer le cavalier f5 avec son fou, mais c’est sans compter Txd5, attaquant la dame, et rendant la prise de la tour impossible par la dame à cause de la fourchette en e7, et par le cavalier à cause du mat en g7.
Txd5 ! Ca par contre, c’est bien joué !
Il a donc joué De8, et alors Fxç4 perd un deuxième pion, le cavalier étant toujours protégé par la tour, qui n’est même plus attaquée par la dame. (Et si le cavalier prend la tour, la Dame fait toujours mat en g7).
Au 22ème coup, il abandonna, un de ses meilleurs coups.
ANAND
Voici à présent une partie d’Anand.
Nous aurions pu vous montrer sa partie où il perdit contre une fille avec une pièce de plus, mais nous nous en abstiendrons, car ce serait un peu désobligeant, je trouve, un tantinet indécent… Et puis, en plus, il paraît que dans ce cas, c’est Polgar qui a bien joué.
Car c’est vrai, non, ce genre de choses, il ne vaut mieux pas. Ce genre de choses… Oui oui, c’est mieux comme ça !
A présent, une autre partie, d’un autre champion du monde.
KRAMNIK
Une partie de Kramnik, au moment où il est champion du monde, donc, et il défie deep fritz (c’est un logiciel, bien sûr, personne ne s’appelle vraiment comme ça !). Et en un sens, il a bien fait. Dans cette position, il va jouer :
De3 ??
Et c’est dommage, parce qu’il y a mat en un, avec Dh7 ! ##. Mais c’est pas grave, c’est le genre de choses qui arrive !
FISCHER
Le plus grand joueur du monde, à présent. Bobby Fischer en action. Tout le monde ou presque connaît cette partie. Beaucoup de débutants s’en inspirent : ils ont bien raison !
Dans cette position, Fischer va jouer Fxh2 :
et 30. g3, enferme le fou
Et même après 30. … h5 31.Re2 h4 32.Rf3 h3 il y a 33.Rg4 Fg1 34.Rxh3 Fxf2 35.Fd2, et le fou est toujours enfermé et sera capturé après 36. Rg2 !. Mais c’était bien tenté !
UN COUP DE MAÎTRE
Un coup de maître. Ou de grand maître, même. Dans ce cas, à présent, c’est à vous de jouer !
Trouvez le coup des blancs
Un petit exercice d’application, pour vous tester. Nous arrivons à la fin du livre, à présent, il va être temps de faire ses preuves. Saurez-vous trouver le seul coup des blancs qui donne un mat en 1 coup aux noirs ? S’il existe, ce n’est sûrement pas une très bonne chose à faire ! Vous l’avez ?
1. Rf4. Bien joué !
Oui, bien joué : en jouant Rf4, cela permet Db8##, qui fait bien mat, vous pouvez vérifier. Vous allez dire que je le fais exprès, aussi, mais non, promis ! C’est bien une partie qui a été jouée à Linarès, en 2002. A ce qu’il paraît, les deux joueurs ont mis plusieurs minutes à s’apercevoir du mat. Le respect entre grands joueurs, sans doute !
BACROT
Baissons un peu de niveau à présent, (si l’on peut dire, bien sûr !), et intéressons nous au multichampion de France, Etienne Bacrot. En 2008, il joue contre Inarkiev, et dans cette position, il va jouer…
23. De7 !
Pas mal !
Mais bon, le cavalier en attente en g8 était peut-être caché par le roi, je ne sais pas, enfin, il y a sûrement une explication. D’où l’importance de ne pas placer les cavaliers trop au centre, systématiquement, car ils y sont trop visibles, et de cette manière, cela ne serait jamais arrivé… Vous voyez, mes conseils ont du bon, et peuvent mener à de belles victoires, y compris au plus haut niveau !
CARLSEN
Voici à présent une partie de Carlsen, actuel champion du monde et recordman du meilleur classement. Dans cette position, il va jouer Rç8. Mais c’est sans compter Cxç7, et si le roi prend le cavalier, il s’expose à une découverte qui rendra les choses désagréables.
Bien sûr, ce n’est pas un exemple exceptionnel, mais sa carrière ne fait que commencer !
ALORS, VOUS VOYEZ ?
Voilà voilà. A présent, c’est fait, nous en avons fait la preuve : CKFC ! Grands maîtres, champions de France, champions du monde, et même plus grands joueurs de tous les temps, effectivement, tout le monde en est capable, et tout le monde peut mal jouer aux échecs. C’est comme nous vous l’avions dit, d’ailleurs. Vous en doutiez ? Alors clairement, cela devrait vous décomplexer, normalement, à défaut de vous aider !
CHAPITRE 6 : EN CONCLUSION !
EST CE QUE CET OUVRAGE VOUS A PLU ?
Je l’espère. En tous les cas, que vous soyez joueur ou non joueur d’échecs, il est probable que vous ayez appris des choses, et si vous êtes déjà un familier du jeu, vous ne pouvez pas dire que tout est faux dans ce qui a été écrit…
POURRAIT-IL VOUS AIDER À BIEN JOUER NÉANMOINS ?
Non, malheureusement, et ce serait trop facile. Si vous voulez bien jouer, ou du moins essayer, alors tournez vous vers des ouvrages qui l’annoncent et qui y font référence, exclusivement.
C’est dommage, mais vous ne pourrez pas bien jouer en lisant ce livre, ni en essayant de faire l’inverse de ce qui est expliqué. C’est un peu plus compliqué en vérité. Vous verrez simplement quelques choses, quelques principes et quelques exemples à éviter, et ce sera déjà pas mal. Mais n’essayez pas de bien jouer en faisant l’inverse de ce qui est conseillé, car si la chose à éviter était de porter un pull bleu, par exemple, comment faire le contraire de « mettre un pull bleu » ?
Faudrait-il en porter un rose, un blanc, ou bien un rouge ?
Pour un jeu comme les échecs, c’est un peu pareil. Eviter un mauvais choix, de prendre une mauvaise habitude est déjà une bonne chose en soi, mais il vous faudrait des conseils plus précis pour pouvoir prétendre bien jouer aux échecs, et trouver à chaque fois un des meilleurs coups tout au long de la partie.
Et puis, soyons réalistes, car comme vous l’avez normalement compris, personne n’y arrive, comme vous le savez, absolument personne, même en s’entraînant dur et comme vous le verrez ou comme vous l’avez bien vu, d’ailleurs, même les meilleurs se trompent… Alors pourquoi y arriveriez-vous vous ? Bonne question, mais restons logique ! Avec ce livre, vous disposerez avant tout d’un ouvrage amusant et d’un objectif simple à mettre en œuvre, simple à mettre en pratique, honnête et réaliste, voilà qui est déjà pas mal, je trouve… Et c’est certainement pour cela qu’il devrait marcher, enfin, en toute logique !
QUELS SONT CES OUVRAGES ?
Commencez par vous procurer les ouvrages dont le titre commence par « Gagner », qui sont les plus évocateurs et les plus ambitieux à priori : « Gagner avec la grünfeld », « Gagner avec la française », « Gagner avec la slave »… Tous ces ouvrages géniaux qui nous font croire qu’on peut gagner avec ce genre d’ouvertures… Non, sans blague ! Le plus souvent, quelle déception ! Aucun rapport, mais si les éditions fictives Bernard Madoff présentaient… la collection Christophe Rocancourt pour jouer aux échecs, nul doute qu’elles compteraient dans leur collection : « Gagner ses finales de tour » (alors que les finales de tours sont toujours nulles), « Gagner avec des fous de couleur opposée », etc, etc… Notons que « Gagner sans la dame », suite à un trop grand nombre de plaintes de joueurs modestes, aurait été retiré de la vente, de même que « Mater en concluant par le petit roque est possible à chaque partie ». Mais les premiers ouvrages cités existent bel et bien, libre à vous d’en retirer le bénéfice variable selon l’espoir que vous placerez en eux…
De manière générale, les ouvrages qui commencent par « Perdre », il est vrai, n’intéressent pas grand monde. A part sur certains sujets, « Perdre du poids », « Perdre sa calvitie », « Perdre sa virginité » ou « Perdre ses enfants en forêt » si vous êtes fans des contes de fées, mais pas sur les grands sujets tels que « Gagner de l’argent » ou « Gagner aux échecs ».
Pourtant, ils seraient plus honnêtes, à vrai dire : « Perdre avec la grünfeld », « Perdre avec la slave », voilà qui expliquerait beaucoup mieux les résultats de certains joueurs, voir carrément tout pour certains… Révélation ! Oui, voilà qui prendrait tout son sens.
ET VOUS, QUEL EST VOTRE OBJECTIF ?
Comme je l’ai dit, il est possible de bien jouer, et de mal jouer, c’est une question de choix (et de possibilité). Mais jusqu’à maintenant, personne n’a réussi à bien jouer, alors vous pouvez toujours choisir de devenir un pionnier dans ce domaine.
Si vous voulez bien jouer, il y a peu de chance que cela arrive de toutes façons, mais si c’est ce que vous recherchez, pourquoi pas, mais il faudra réfléchir et il faudra travailler, il faudra en passer par là. Je vous donnerai des conseils pour tenter de trouver les bons livres, après tout, il en faut pour tous les goûts, et ne jurer de rien.
Sachez que mal jouer, de ce côté, s’avère plus facile. Quelques conseils à appliquer bêtement, quelques confusions, quelques oublis et quelques erreurs de logique, de stratégie et d’inattention… En fait, c’est un peu la même chose que pour certains qui essayent de bien jouer mais n’y arrivent pas, non ? Parfois, la différence est mince…
CONCLUSION DES CONCLUSIONS
En conclusion, si vous avez tout compris à ce qui vient d’être expliqué, alors c’est très bien, vous êtes bien parti, et vous pouvez passer à la pratique sans complexe. Si vous avez bien lu et bien retenu les concepts essentiels du livre, vous pouvez vous lancer dans le grand bain sans souci, ou au moins dans le petit bain. Ou dans le pédiluve, si vous voulez. Ou dans le jacuzzi, à la rigueur. Ok, dans la flaque. Mais en tout cas, ne vous arrêtez pas à la douche ou au crachin breton, ce serait dommage.
Partie amicale, tournoi sérieux, foncez ! Allez-y, je vous garantis que vous êtes prêt. Si je peux vous donner un conseil, si vous en avez l’âge, commencez par un tournoi scolaire. C’est ici que j’ai le plus de lecteurs, le plus de fans, même, et vous vous y retrouverez en plus grand nombre. Là bas, mon style fait rage. Un petit clin d’oeil complice lorsque votre adversaire vous donnera une pièce, et vous saurez que vous êtes entre vous.
Mais si vous voulez, jouez aussi sur internet. Pariez de l’argent si vous voulez, ce genre de choses apporte un peu de piment, il n’y a pas d’arnaque. Si vous commencez les échecs, vous aurez avec vous la chance du débutant, ce qui représente, comme nous l’avons dit, 50% du travail (pas plus, pas moins), ce qui est énorme. Et si cela fait déjà un moment que vous vous acharnez sans réussite, poursuivez votre effort : le travail paye toujours, et, plus important encore, la nouvelle génération arrive ! Et vu qu’elle aura peut être lu ce livre, tout les espoirs sont encore permis !
Alors, comme vous le méritez, et pour vous remercier d’avoir été jusqu’au bout de cet ouvrage, ce qui, faut-il le signaler, est très rare pour un ouvrage sur le jeu d’échecs, je vous souhaite de tout mon coeur, ce qui vous aidera beaucoup à trouver du courage lorsque vous disputerez des parties toujours plus inoubliables, et à faire les bons choix lorsque vous ne saurez pas quoi jouer : « Bonne chance » !